La phrase : « Tout le monde connaît Dark Vador » est une approximation non loin de la vérité à l’échelle planétaire. Aussi, il est non seulement possible mais urgent, à la veille de la sortie de l’épisode VII réalisé par J.J. Abrams, d’interroger la mythologie contemporaine qu’est Star Wars, et notamment dans l’idée que l’on peut s’y faire de ce qu’est ou non une ville.

Star Wars : une diversité d’urbanité

De la planète capitale Coruscant, où se trouvent le Sénat et le temple Jedi, à la planète Dagobah, marécageuse et sauvage, George Lucas nous présente une République qui réunit des réalités diamétralement différentes. Comme l’expliquait très justement Blandine Kriegel lors du colloque « La démocratie contre-attaque », George Lucas déploie dans son œuvre une tension entre les républiques des cités – à l’image de Venise ou de Florence – et la République d’état. Les galaxies réunies dans la République, puis soumises à l’empire, sont très diverses, et ont toutes des régimes politiques différents. Aussi, ces régimes se reflètent-ils dans des cités très diverses. La planète nuageuse Bespin, où les villes sont des bulles d’urbanismes suspendus sur d’étranges tours, est celle de la révélation « Je suis ton père ». On découvre aussi Mustafar, planète volcanique, dédiée à l’industrie, où il ne se trouve pas de ville, et où Anakin Skywalker sera mutilé dans son combat avec Obi-Wan Kenobi.

La planète mère de Star Wars, c’est Tatooine, où est né Anakin Skywalker, personnage central de toute la saga. Tatooine est pourtant une planète désertique, dans laquelle il ne semble pas se trouver véritablement de ville, ni de centre. Des espèces d’aires d’autoroutes où des Cantina accueillent les malfrats en déroute sont les seuls lieux de rencontre que nous observons. On découvre aussi Utapau, planète du combat spectaculaire entre Obi-Wan Kenobi et Grievous, où les villes sont tapies dans des cavernes, accessibles par des puits de lumières.

Star Wars : un urbanisme intergalactique

Au grès de six films, George Lucas a décrit un ensemble de planètes, qu’il est possible de localiser les unes par rapport aux autres. Des fans ont poussé le jeu jusqu’à établir une carte des planètes évoquées dans la saga.

Dans cet urbanisme intergalactique et mythologique, on retrouve les démons que l’urbaniste combat aujourd’hui.

Du centre vers la périphérie ou de la périphérie vers le centre ?

Joëlle Bordet, psycho-sociologue, auteur de plusieurs travaux et recherches sur la jeunesse et le travail social, disait lors de la journée « De la colère à la démocratie » du colloque, que selon elle, l’urgence, était de construire des routes qui permettent à la jeunesse de se déplacer de la périphérie vers le centre, mais aussi du centre vers la périphérie. C’est-à-dire que la barrière qui mine nos sociétés, est celle, construite de réalité et de fantasme, qui se dressent entre les habitants des centres et des périphéries.

Star Wars supporte un lointain écho de cette question actuelle. Dans la stratégie machiavélique pour renverser la République, le sénateur fomente une guerre. Et c’est précisément dans la bordure extérieure (Outer Rim) de la galaxie que s’installe cette guerre. L’inquiétude durant les trois premiers épisodes, des sénateurs, de l’assemblée Jedi, et de tous les personnages de la République se porte sur cette zone périphérique, qui semble menacer le centre.

Star Wars : un monde synthétique

L’une des plus grandes questions d’urbanisme de Star Wars s’illustre dans l’Etoile Noire, puis l’Etoile de la mort que le spectateur découvre dans les épisodes IV et VI. Au-delà de la dimension militaire qu’elles recouvrent, il s’agit là de planètes artificielles, entièrement urbanisées et industrialisées. A l’image des grands navires militaires, ce sont de véritables villes qui accueillent un nombre considérable d’habitants.

Selon les estimations de fans, on évalue que dans ces villes-planètes artificielles, vivent et travaillent plus d’un million de personnes. Comment faire vivre autant de personnes dans un environnement parfaitement artificiel ? Comment gérer les flux, les déchets, les corps, la santé ? Quelle est la gestion des rythmes, des déplacements, dans un environnement synthétique ?

Voilà un défi pour l’entendement que l’on devrait ne pas trop tarder à relever. Il pourrait en effet être plus urgent que nous le croyons d’être en capacité de créer des Etoiles de la Vie, pour protéger l’humanité de sa propre destructivité sur la planète terre.

Emmanuel Niddam, Star Wars

Emmanuel Niddam, psychanalyste et organisateur de La démocratie contre-attaque : Star Wars Le Colloque.

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