Il y a maintenant un an se tenaient d’ailleurs les assises pour la revitalisation économique et commerciale des centres-villes à Bercy. Le bilan est lourd et se mesure en termes de vacance commerciale. Si ce taux dépasse les 5 %, cela signifie qu’on ne se situe plus dans une situation conjoncturelle, mais qu’on entre dans une dynamique structurelle plus profonde. Alors que la moyenne nationale était déjà de 6,1 % en 2001, elle est passée à 10,4 % en 2015. Dans les villes de 10 000 à 100 000 habitants, un commerce sur dix est durablement vacant. Dans le diagnostic national, on note également qu’au moins quatre villes dépassent les 20 %, avec un taux de vacance record de 24 % pour Béziers.

Ces villes en crise mettent le doigt sur l’engrenage de la perte d’activité et d’attractivité. Mais comme le veut le vieil adage, après la pluie vient le beau temps ! Dans chaque situation de crise naît un phénomène d’adaptabilité et de résilience qui entraîne une révolution via l’innovation. Après trois ans de mise en faillite, la ville de Détroit renaît de ses cendres. C’est dans une situation de crise urbaine, économique, politique et sociale extrême que ses habitants se sont réinventés en initiant une pratique de l’agriculture urbaine, devenue aujourd’hui un modèle de redéveloppement urbain à l’échelle mondiale ! La crise commerciale des villes moyennes françaises n’est que l’indicateur de l’existence de problèmes plus profonds tels que l’aménagement du territoire. Face à ce constat il semble intéressant de partir à la recherche des ces initiatives à l’avant-garde d’une nouvelle forme de commercialité. Aujourd’hui en situation de crise, les villes moyennes ne seraient plus un poids à porter mais le terreau d’une révolution structurelle dans notre façon de vivre la ville. Votre centre-ville ne se meurt pas : il renaît !

Il faut s’attaquer à un problème par la racine !

Bien souvent, l’arrivée des centres commerciaux est pointée du doigt. Si ces structures titanesques sont effectivement en cause, peut-on pour autant dire qu’elles sont les seules responsables ? Effectivement, l’arrivée fulgurante des centres commerciaux se fait en lien avec l’avènement d’une société de consommation, au cœur des années 70. A cette période, l’urbanisme des villes modernes place en grande partie la voiture au cœur de la logique de l’aménagement. Ces complexes commerciaux sont complémentaires à ce modèle : l’accès automobile y est simple et le stationnement facilité.

Majoritairement implantés en dehors des villes, ils sont aujourd’hui reconnus coupables de leur perte d’activité. C’est pourtant l’ensemble de ce modèle urbain qui est mis en cause dans cette crise. Basé sur une logique d’étalement spatial, permis par l’accession en masse à la voiture, cette période urbaine repousse les résidents en périphérie, si bien qu’aujourd’hui seul un tiers des français vit dans les centres. Or, qui dit moins d’habitants en centre dit moins de passage obligé. Il faut donc faire revenir les clients en centres-villes eux-mêmes hostiles à l’usage de la voiture. Les embouteillages, le stationnement payant ou encore le manque de parking repoussent les visiteurs. La question de l’accessibilité est à repenser.

Toujours autour de cette façade « centre commercial », un autre point nous inquiète. C’est en observant du côté des Etats-Unis, précurseurs de la ville moderne, que nous percevons les contours de la menace qui nous pend au nez : les Dead Mall. Ces surfaces commerciales sont devenues des villes fantômes, abandonnées de toute forme de vie. Ce phénomène est d’abord lié à un taux de création de surfaces commerciales exponentielles face à un taux de consommation qui reste faible. En France, celui-ci avoisine les 1 % annuels pour 4 % supplémentaires de surfaces commerciales. Là-bas, on se rend compte que cette désertification est liée à l’arrivée du e-commerce, un phénomène que nous devons prendre en compte. Faire ses courses de chez soi résout définitivement les problèmes d’accessibilité !


http://money.cnn.com/2014/06/30/news/economy/dead-malls/

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