648x415_rassemblement-soutien-charlie-hebdo-place-republique-7-janvier-2015

 

Je vous avais prévenu. La ville et les hommes, c’est la même histoire.

 

Mais finalement, la cité surpeuplée se révèle bien vide.

 

On ne parle plus. On enchaîne ces convenances déconvenues et des nuits passées sur des malentendus.
Dire ? Pour quoi faire. Avoir la gueule de l’opprimé, la croix et la bannière, le tatouage de guerre ? Se sentir pointé du doigt, regardé de haut par la Dame de fer ? Pour quoi faire.
 

Tout est tellement plus simple, derrière votre château de cartes. Vous empilez un à un Pique et Carreau.
J’ai la haine car personne ne dit rien. Les sentiments font tache et virent obsolètes.
On ne parle pas des visages qui crient. Des déclarations d’amour des grands abrutis. De ces hommes qui roulent des mécaniques pour finalement se rouler par terre.
 

On ne parle pas des mères. Qui frappent avec la voix. Qui pleurent dans le noir. Qui ne disent pas qu’elles ont peur. On ne parle pas de ces hurlements silencieux, des incendies dans l’obscurité, des coups de chlasses dans le coeur, des cauchemars qui éclatent dans le sommeil. On ne parle pas de l’indifférence aux sentiments. De l’insouciance des passants. Ou des paires d’yeux trop insistants. Du regard vide sur un corps morne, et des regrets des nuits en solitaire. On oublie l’homme qui rit sur le quai d’en face. Le Grand Amour le temps d’un regard, entre Gare de l’Est et Stalingrad.
 

On en oublie la ville et les gens. Les palpitants qui s’enflamment et l’air dans les poumons. On emprisonne les mots, on les enferme.
 

Baissez le pont levis, videz les douves, changez le château fort en château de sable.
 

Faites de votre ville prisonnière une ville lumière. Osez, bon dieu, osez dire et faire. Jugez les actes plutôt que les belles paroles. Les édifices plutôt que les appartements sur plans. La beauté d’une ruelle sombre plutôt que l’arrondissement inscrit sur la plaque bleue. Les villes et les hommes sont des doublons en filigranes, la limite est si infime. Décrochez de vos certitudes, de votre écran, de votre bouquin, de vos écouteurs. Levez les yeux. Vous n’êtes pas si seuls.