Vivre au bord de l’Adriatique, de ses eaux chaudes et turquoises, entre mer et montagne dans une ville qui a conservé un charme médiéval étincelant, serait-ce le paradis ? Ça l’était pour les habitants de Dubrovnik mais c’était avant que leur ville ne devienne l’un des hauts lieux du tourisme de masse. Aujourd’hui l’idylle est finie, le charme de la ville a attiré le monde entier dans son enceinte au point de rendre le quotidien des habitants invivable.



Encore marquée par la guerre d’indépendance dans les années 90, l’apaisement des conflits a permis à la Croatie un essor touristique majeur dans les années 2000. Les nombreux sites naturels remarquables, sa longue côte maritime et ses villes ont fait du jeune état une destination privilégiée des touristes du monde entier. Le tourisme représente une part très importante de la richesse de la Croatie et les villes anciennes comme Dubrovnik jouent un rôle important dans l’attrait touristique. Une affluence accrue par la série mondialement suivie Game of Thrones, puisque les scènes de la ville de Port-Réal sont tournées dans la ville croate.






Le problème c’est que Dubrovnik n’est pas très grande : elle ne compte “que” 43.000 habitants, alors que près de 800.000 touristes se sont rendus dans la ville en 2016 ! Les pics étant évidemment lors de la période estivale. L’apport économique est conséquent, les touristes dépensiers et les croisières qui s’arrêtent, dans le port sont très lucratifs mais la situation est devenue invivable pour les habitants qui ne peuvent plus circuler dans leur propre ville. Comme dans d’autres villes, les commerces ne répondent plus aux besoins quotidiens mais sont essentiellement pour les touristes, avec une augmentation des prix bien entendu. Tout comme les logements qui eux aussi connaissent un emballement des prix et ciblent une clientèle saisonnière. Résultat ? Le centre ancien n’accueille quasiment plus de locaux, le quartier se muséifie et les logements servent d’hôtels.



La ville fortifiée manque de place, habitants comme touristes étouffent. Si une limite de 8.000 touristes, présents en même temps dans le centre ancien, a été fixé, celle-ci n’est clairement pas assez forte puisque le chiffre actuel tourne plutôt autour de 7.000 simultanément. Deux options semblent donc se dessiner pour l’avenir du centre ancien : soit celui-ci devient un grand musée à ciel ouvert, vidé de ses habitants mais dans lequel les touristes du monde entier pourront venir se balader; soit la ville limite plus durement les entrées pour maintenir un cadre vivable aux locaux comme aux touristes. Dans tous les cas, le tourisme a fortement changé la face de Dubrovnik et on ne peut qu’espérer que la ville réussira à se réinventer en intégrant davantage les habitants.