À l’origine de cette révolution communale, un projet de supermarché en 2010 qui fait débat, défendu par le maire alors qu’une grande partie des habitants le rejettent. Il serait dangereux pour l’activité du centre-ville et de ses petits commerces. La commune se rebelle, et fait abandonner le projet en mobilisant les habitants.

À partir de cette situation, un mouvement citoyen se met en place et s’interroge sur la gouvernance de Saillans. Le groupe organise des réunions publiques et le succès est au rendez-vous. De ces réunions émerge une nouvelle façon de prendre les décisions pour la ville. Surprenamment, les sceptiques à l’égard du mouvement sont souvent les plus jeunes, mais nombreux sont finalement séduits par l’énergie des membres plus âgés.

Des groupes se réunissent et conçoivent un projet pour Saillans avec les propositions des habitants. La liste électorale naît : “Autrement pour Saillans”, une liste collégiale qui jusqu’au moment de l’élection n’avait pas de tête de liste, afin de convaincre par un projet et non par un visage.

Ces réunions sont fertiles et permettent l’imagination d’un nouveau mode de gouvernance pour la ville. Le nouveau schéma proposé place en effet les citoyens en haut de l’échelle décisionnelle, au lendemain d’un conflit avec le maire sortant, qui n’avait visiblement pas su suffisamment entendre la volonté de ses électeurs.

Malgré le souhait de ces habitants de faire bouger les règles de la politique classique, cette dernière reprend ses droits dès que les membres de la mairie de Saillans sortent de la commune. Lors des réunions intercommunales, les membres de la mairie de Saillans sont catalogués comme dissidents.

Un autre obstacle au bon déroulement de ce projet politique réside dans la difficile mobilisation des citoyens sur le long terme. L’énergie du mouvement s’estompe en effet avec le temps. Les nombreuses réunions participatives ne séduisent pas toujours les plus jeunes qui ne se sentent pas toujours concernés. On le remarque souvent par les taux d’abstention lors des élections, la politique locale peine parfois à intéresser tous les publics et la mairie de Saillans cherche à innover pour inviter la population à participer.

De plus, les élus regrettent de ne pas avoir plus de pouvoir sur leur territoire pour gérer les différents projets qui sont en attente. Il pourrait cependant être souhaitable, pour renforcer le mouvement, que d’autres communes prennent le même chemin et que les habitants se réunissent pour décider ensemble de l’avenir de leur ville. Ainsi, la participation serait sans doute mieux acceptée dans le paysage politique français. Et pourquoi pas voir un jour de grandes agglomérations gouvernées par les habitants ?