Il y a une nécessité de réintéresser les habitants, les citoyens, et plus particulièrement les jeunes à la question publique. L’enjeu est de pouvoir aussi raccrocher l’ensemble des acteurs qui font de la politique autrement, par l’action, comme par exemple l’ensemble des personnes impliquées dans des initiatives locales et citoyennes actives sur les territoires. Parce qu’aujourd’hui, ces projets se multiplient et ils sont tenues par des acteurs qui ont abandonné le parcours politique classique, alors même que ces personnes sont très impliquées localement et qu’elles y participent déjà pleinement.
Alors comment intéresser aux élections et aux campagnes électorales ? Comment faire en sorte que les citoyens se saisissent de plus en plus de la sphère politique pour devenir les maires de demain ? Nous avons sélectionné 4 mesures concrètes qui peuvent aider dans ce sens, pour que les habitants de nos villes et territoires s’impliquent davantage et s’emparent de cette fonction.
Les Conseils municipaux de jeunes comme première étape initiatique
L’enjeu est premièrement de donner la clé aux citoyens pour comprendre le politique et d’acquérir une connaissance pour un engagement plus fort au quotidien. Car souvent les habitants pensent qu’il s’agit d’un milieu trop complexe et loin d’eux.
Des initiatives existent pour impliquer les habitants dans la gestion de leur ville. Par exemple, le Conseil municipal des jeunes à Aubervilliers, constitué de 49 membres élus pour deux ans, vise à associer les jeunes, de 13 à 18 ans, à la vie municipale et à la politique locale de la jeunesse. Une première initiation qui permet aux jeunes de comprendre et s’approprier les codes, le fonctionnement, pour ensuite pouvoir agir dans leur vie d’adulte et devenir pleinement citoyen. Des commissions sont alors créées pour répondre aux différents sujets que souhaitent aborder les jeunes conseillers. Les actions sont soumises et proposées en séances plénières quatre fois par an à la mairie. Les conseils municipaux des jeunes se multiplient dans plusieurs villes de France et permettent de rendre plus accessible les enjeux municipaux pour les jeunes afin qu’ils s’impliquent davantage à l’avenir.
Des cours d’art oratoire pour apprendre à s’exprimer
De plus en plus de cours d’art oratoire se développent pour donner aux jeunes les moyens de prendre la parole en public et savoir mettre des mots sur leurs idées. L’enjeu est de permettre à tous d’exprimer ses opinions, apprendre à placer sa voix, construire un message, écrire des discours pour que la parole puisse être davantage prise par les citoyens et pour appuyer leur engagement politique.
Une initiative a été par exemple réalisée par un professeur d’art oratoire de Science Po., Romain Decharne, avec des enfants en école primaire dans des quartiers populaires pour leur donner confiance en eux et acquérir davantage de maîtrise de la prise de parole. Une étape essentielle pour s’impliquer plus tard et se sentir légitime.
Des formations pour agir et se présenter aux élections ?
Un constat s’impose aussi : celui que les jeunes, surtout issus de milieux populaires, s’investissent peu dans la sphère politique, avec notamment un absentéisme fort pour les élections, à cause de leur sous représentation au sein des élus et une image négative de leur part vis à vis des partis politique.
Ainsi, une autre initiative vient d’être lancée pour donner les moyens aux citoyens tenter l’aventure de la politique locale : il s’agit de “Tous élus”. Cette association propose de former des citoyens souhaitant s’investir dans le politique afin de les guider en leur enseignant les premières clés permettant de se présenter aux élections municipales de 2020. Des communautés locales d’entraide seront aussi créées.
L’association propose donc une université populaire 2.0 qui s’appuie sur trois valeurs pour un mouvement : apartisan qui ne soutient ni ne rejette aucune couleur politique, participatif car il s’inscrit localement avec transparence pour la participation de tous, et national puisqu’il vise à s’étendre partout en France, autant dans les villes, grandes ou petites, que les campagnes.
Parce que les jeunes peuvent être très actifs dans la sphère citoyenne, et souvent engagés dans différentes actions ou associations. Il s’agit donc de leur donner envie d’agir aussi par le politique et de s’approprier la fonction d’élu.
Quand les écoles politiques s’ouvrent à tous
L’enjeu est ici de rendre toujours plus accessible le savoir de nos dirigeants et le transmettre à l’ensemble de la population, pour que les citoyens prennent pleinement part aux débats, mais aussi puissent servir de contre pouvoir, ou même s’en saisir pour s’impliquer politiquement.
De nombreuses initiatives ont été mises en place pour ouvrir les écoles “politiques” à l’ensemble de la population française, dans le but d’une égalité des chances, notamment avec l’exemple de Science Po. Une école qui s’est ouverte progressivement, passant de 17 élèves en 2001 à 163 élèves en 2016, ayant intégrés le cursus par des conventions d’éducation prioritaire (CEP). La part globale des boursiers a été augmentée, prouvant une ouverture progressive.
Le plan Borloo pour les banlieues, présenté en Avril dernier, souhaitait aussi ouvrir l’ENA aux quartiers populaires en créant un nouveau corps de hauts fonctionnaires. Car encore aujourd’hui, ce ne sont que 4.4% des élèves qui ont des parents ouvriers ou employés, alors que 68.8% ont des parents cadres supérieurs, professions libérales et enseignantes.
Différentes initiatives existent donc déjà et sont pour la plupart à renforcer pour faire germer des villes où les citoyens se sentent légitimes de participer, se faire entendre et même proposer leurs candidatures aux municipales de 2020 qui arrivent à grand pas. On peut espérer que cela permette de dessiner des villes plus humaines et toujours plus en accord avec les besoins de ses habitants.