Alors que la plus grande compétition au monde de vélo prend les routes de France cette semaine, à la rédaction nous nous sommes demandés, quelques mois après la promotion de la pratique du vélo suite au déconfinement, qu’en était-il des « coronapistes », ces pistes cyclables temporaires largement développées par les villes françaises ?
500 km de coronapistes toujours actives
Depuis le 11 mai dernier, se sont près de 500 km de pistes cyclable temporaires qui ont Ă©tĂ© installĂ©es sur l’ensemble du territoire français. Leur objectif ? Encourager les usagers Ă privilĂ©gier le vĂ©lo pour leurs dĂ©placements, l’une des mobilitĂ©s les plus efficaces en terme de distanciations sociales. En moins d’une semaine, ce sont de nombreuses sections de routes qui ont Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es Ă la circulation cycliste comme la Rue de Rivoli Ă Paris qui s’est entièrement retrouvĂ©e vidĂ©e de ses voitures. Mais plus que l’augmentation de pistes cyclables en ville, c’est Ă©galement des liaisons vĂ©los pĂ©riphĂ©ries – centre-villes qui ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es, de quoi motiver de nouveaux cyclistes.
Quatre mois après leur apparition, les coronapistes sont toujours en place et ont largement permis le développement de la pratique cycliste : on estime d’ailleurs au mois de juin que trafic du vélo aurait augmenté de 119% à Paris (Source : Vélo et territoire).
Certaines collectivités font pourtant marche-arrière
À Drancy (région parisienne), la maire Aude Lagarde (UDI) a lancé une pétition sur les réseaux sociaux demandant le retrait par le conseil départemental de la coronapiste installée le long de l’ex nationale N186. Son argument ? La gêne du flux du trafic automobile, qui avec l’arrivée de la coronapiste serait fortement perturbé, créant de nombreux bouchons en heure de pointe. Ce cas est loin d’être isolé, la ville de Lyon a elle aussi supprimé une de ses pistes sur le pont de la Guillotière pour les mêmes raisons. Des réticences partagées par de nombreux automobilistes qui dénoncent la détérioration des conditions de circulation automobile par la présence de ses voies condamnées. Le tout vélo ne semble donc pas encore séduire la totalité de la population.
La précipitation du déploiement de ces nouvelles voies cyclables a également provoqué l’ouverture de pistes mettant les cyclistes en situation dangereuse. Après plusieurs semaines d’utilisation, certaines se sont vues supprimées ou modifiées afin d’assurer un partage sécurisé des voies de circulation.
Sécuriser et pérenniser les coronapistes
Face Ă ce succès, les coronapistes devraient cependant perdurer dans le temps. Pour encourager les collectivitĂ©s Ă les pĂ©renniser, l’État français propose d’ailleurs un soutien financier de 60% des travaux. Derrière cette volontĂ©, un double enjeu : renforcer les conditions de sĂ©curitĂ© avec l’installation d’élĂ©ments de sĂ©paration entre les flux automobiles et cyclistes, mais Ă©galement continuer Ă encourager le dĂ©veloppement des mobilitĂ©s douces sur un long terme.
La crise sanitaire du Covid a donc largement accéléré le développement des installations cyclables sur le territoire, ainsi qu’encourager de nombreux citadins à se mettre au vélo. Maintenant que l’impulsion a été lancée, sachons la préserver et la décupler pour faire de nos villes des espaces apaisés.
Photo de couverture ©Camille Gévaudan via Flickr