L’amour de la cuisine en commun 

L’histoire commence en 1989 dans le Rhône, à Vaulx-en-Velin, commune de 50 000 habitants située dans la métropole lyonnaise. Au centre social du Grand Vire, une quinzaine d’habitantes commence à se retrouver pour partager leur quotidien parfois difficile et pour trouver des solutions ensemble. La pluralité des nationalités ou des origines de ces femmes les rassemble: venues du Sénégal, du Vietnam, de l’île Maurice, d’Inde ou encore du Maghreb, elles se réunissent pour cuisiner et font de ce groupe un lieu d’échange de savoir-faire et notamment culinaires. Le groupe y prend goût bien rapidement, constatant que les recettes épicées remportent un franc succès auprès du grand public qui peut venir déguster les plats pour 5 francs, à l’époque (soit environ 0,75€ aujourd’hui). L’argent récolté était alors réparti entre les cuisinières pour les activités de leurs enfants : Cannelle et piment était né. 

cannelle et piment - couscous

Crédit photo ©Louis Hansel via Unsplash

Quand l’union fait la force

Peu à peu, les plats cuisinés “maison” se font connaître du quartier jusqu’à Lyon et une première commande d’un acteur local pour cent personnes marque le début d’une forme d’entrepreneuriat. En 1997, le groupe se constitue association. Les subventions arrivent au rythme des clients et quelques années plus tard, certaines associées peuvent enfin être rémunérées. À force de persévérance et d’un grand travail de développement, l’association parvient à porter le projet original de favoriser la “curiosité pour les cuisines du monde et création d’échanges entre ville et banlieue”.

Un acteur territorial important 

Plus que la dimension économique, Cannelle & Piment a permis à des résidents de Vaulx-en-Velin, pour la plupart issus des grands ensemble, de se rencontrer, de partager, de créer une action solidaire et ainsi d’apprendre à vivre ensemble. 

Dans le Sud de Lyon, les quartiers populaires ont une histoire sociale importante. Non loin de Vaulx-en-Velin, le quartier des Minguettes situé à Vénissieux a notamment fait parler de lui dans les années 80. Les habitants de ce quartier majoritairement d’origine africaine, à la suite d’émeutes policières, avaient organisé “la marche pour l’égalité et contre le racisme”. Au départ du quartier, la marche s’était rendue jusqu’à Paris où certains meneurs avaient été reçus à l’Elysée. Une belle analogie pour porter la voix des “banlieusards” vers les grandes villes décisionnaires.

Une chose est sûre : la cuisine rapproche ! Que ça soit pour la faire ou pour la manger, il semblerait que son langage soit universel. Cannelle et Piment est un bel exemple de multiculturalisme qui fait la beauté de nos villes, et qui ravit nos papilles !

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