D’un côté la forêt, de l’autre une étendue d’eau. Lorsque le printemps revient, les batraciens tentent de revenir là où ils ont vu le jour pour s’y reproduire. Le problème, c’est que la route qui sépare ces espaces rend la traversée très risquée pour ces petites bêtes. Face au carnage des crapauds écrasés par les voitures, des associations se mobilisent et mettent en place des dispositifs.
Dans la commune d’Hermeray (78), ce sont le CERF et la SPA qui viennent en aide à nos amis batraciens. Chaque année depuis 2001, ces associations aidées par des volontaires mettent en place un crapaudrome pour empêcher les batraciens de s’aventurer sur la route. Et oui, désolé de vous décevoir, le crapaudrome n’est pas l’organisation d’une course de crapauds !
Dany Fagot, responsable du groupe de Batrachologie du CERF78, nous explique le principe de ce dispositif installé à côté de l’étang de Guiperreux. « Des deux côtés de la route une barrière est installée sur 600 mètres, des sceaux sont enterrés au ras du sol juste derrière. Lors de la migration, tous les batraciens viennent de la forêt et vont vers l’étang. Ils sont alors bloqués par la barrière mise en place et tombent dans les sceaux. »
Les batraciens n’ont plus qu’à attendre sagement le lendemain matin, que les bénévoles viennent les recueillir pour les déposer de l’autre côté de la route. « Dans les sceaux, on trouve beaucoup de crapauds communs, en deuxième des tritons palmés, mais aussi des grenouilles agiles, des grenouilles vertes, quelques individus de tritons marbrés et de tritons alpestres. Chaque matin que dure l’opération, on les comptabilise, on les dénombre, mâles, femelles, par espèces… » nous détaille Dany Fagot.
Photo ©CERF78
Cette année, le dispositif a été mis en place fin janvier, avec l’aide d’une vingtaine de volontaires. « D’habitude on l’installe mi-février, mais comme depuis 2 ans il fait plus doux, on a avancé de 3 semaines l’installation du crapaudrome. » En effet, des conditions doivent être réunies pour que les batraciens sortent de leur cachette. Leur passage nécessite suffisamment d’humidité, il est favorisé par la pluie, et la température optimale est d’environ 7-8 degrés la nuit. Le dispositif restera en place pendant toute la période de reproduction des batraciens, environ 3 mois.
La responsable se réjouit du succès de cette action. Il faut dire que depuis toutes ces années, l’opération est bien rodée. « Sur les 3 mois que dure l’opération, la fourchette basse des crapauds qui sont sauvés est environ 3500 ». Et de faire le constat que le sauvetage des batraciens mobilise : « On a de plus en plus de volontaires, de gens qui sont bien motivés, qui viennent tous les matins ».