Méthode d’expression corporelle à part entière, le sport s’est en effet largement démocratisé au cœur de nos villes. Dans un premier temps en Amérique du Nord à partir des années 1960, la pratique sportive dans les espaces publics s’est petit à petit développée dans le reste du monde. Skateparks, terrains de basket de plein-air, ou autres infrastructures dédiées au sport, leur présence a fortement impacté l’utilisation de l’espace urbain par l’ensemble de ses usagers de la ville. Si bien qu’aujourd’hui, les installations récréatives semblent être légion au cœur de nos villes. Et avec l’apparition par exemple de mobilier de gymnastique ou de musculation en libre-service, le sport de rue peut tout aussi bien être pratiqué seul ou en groupe. Si le principe de ces installations est de pouvoir y accéder librement, ils semblent également être un bon moyen de faire vivre les quartiers dans lesquels elles se trouvent.
Investir la rue pour s’approprier l’espace public
Le principal intérêt du sport de rue est sa facilité d’accès. Directement praticable dans la rue, au pied des immeubles, sur les places publiques ou dans des infrastructures dédiées, tout le monde peut trouver à proximité de chez soi une surface pour taper dans la balle, pour exercer sa musculature ou pour tenter d’enfin réussir cette nouvelle figure de BMX.
Facilité d’accès, mais aussi facilité d’utilisation, la rue est donc un espace de jeu privilégié pour exercer son agilité sportive. Mais pratiquer le sport dans son quartier, à proximité de chez soi, représente également une manière de se lier intimement avec le territoire. En investissant la rue pour faire des parties de foot, il s’agit d’une marque d’appropriation de l’espace public, d’une volonté d’être acteur de son dynamisme, de sa vitalité. Cela signifie qu’il existe un désir de faire partie intégrante de l’identité du lieu, mais aussi de faire exprimer son corps dans l’espace public, de libérer sa créativité sportive aux yeux de la ville.
Quand la rue vit au rythme des pratiques sportives
Par l’affirmation de son corps au sein de l’espace public, par l’utilisation de la ville comme terrain d’expression physique, cela revient à donner une certaine animation à la rue. La zone de jeu peut devenir scène de spectacle, par exemple pour observer les skateurs et les impressionnantes acrobaties qu’ils peuvent parfois effectuer. De la même manière, les sens stimulés par l’activité peuvent également faire partie d’une ambiance urbaine bien particulière. Le son reconnaissable de la gomme des roues sur les rampes, ou celui du bois de la planche qui frappe le rail en métal permet en un instant de reconnaître la présence d’un skatepark. Celui des appels de passe, et du bruit du ballon contre la grille qui résonne indique immédiatement la présence d’un terrain de foot urbain, ou bien de basket si l’on entend le rebondissement régulier du cuir sur l’asphalte…
Si l’animation sensorielle est donc garantie, cela implique de la même manière la création d’une certaine attractivité. C’est ainsi que le terrain de jeux sportifs devient vecteur de dynamisme, où les sportifs et les curieux peuvent se retrouver, où les habitués se reconnaissent, et où les nouveaux habitants pourront désormais s’exercer. Les amateurs de sports peuvent très bien imaginer se greffer au groupe déjà constitué le temps de quelques échanges de balle, ou de quelques démonstrations des nouveaux « tricks » de skate appris récemment… Par sa pratique dans un espace public, l’activité en devient elle-même publique, et l’animation du quartier en devient ainsi préservée.
Le sport en ville comme enjeu d’urbanisme
Par ces éléments, nous comprenons que l’activité urbaine sportive représente un vecteur d’animation locale, d’échanges et de rencontres. C’est la raison pour laquelle les villes n’hésitent pas à installer de nouvelles infrastructures dans ses espaces publics. Comme à Agen par exemple, qui a été récompensée cette semaine par le label « ville active et sportive » grâce à son implication dans les démarches favorisant les pratiques sportives en ville.
Mais à travers ces démarches de mise en place des infrastructures sportives, les études menées à ce sujet démontrent une présence largement dominée par des sportifs masculins. Intégrer le sport dans les enjeu d’urbanisme semble donc devoir mieux considérer la place de l’ensemble de la population dans l’espace public, mais également celle des PMR et de toutes les populations de manière à en faire l’acteur d’un urbanisme véritablement inclusive.