Après dix-huit mois de fermeture pour cause de pandémie, les immenses discothèques de l’archipel espagnol attendent toujours de pouvoir rouvrir. Le paradis des clubbers du monde entier s’en trouve déserté et Ibiza s’enfonce dans la crise économique. Cependant, les Ibiziens, pas toujours ravis que leur île magnifique soit considérée comme le lieu de débauche nocturne international, voit dans la pandémie l’occasion d’accélérer le changement de son modèle touristique, hautement dépendant du monde de la nuit. 

En effet, l’île dépend à 80 % du tourisme et celui-ci est essentiellement basé sur la culture de la fête qui rapporte 35% du produit intérieur brut de l’île (chiffres pré-covid). Mais si l’industrie des loisirs nocturnes est un élément d’attraction majeur, elle est aussi une source de nuisances. Saturation des infrastructures, pollution des sites naturels, trafics de drogue ou délits éthyliques sont autant de problématiques récurrentes durant la haute saison. Des nuisances dont pâtissent l’ensemble des habitants alors que quelques-uns seulement s’enrichissent avec les discothèques. 

Si l’idée qu’Ibiza a atteint les limites d’un certain type de tourisme n’est pas nouvelle, la pandémie a ouvert les yeux de tous et a changé la manière de vivre des Ibiziens. La réinvention du tourisme à Ibiza s’en est trouvée boostée ces derniers mois avec le concours des élus et des habitants. 

Le Parlement local des Baléares a tenu dans un premier temps à interdire “le tourisme des excès” centré sur la consommation abusive d’alcool ou de drogues. L’année passée, les offres proposant des excursions éthyliques avec alcool à volonté à Ibiza ont, à ce titre, été supprimées des moteurs de recherches. La ville de Sant Joan de Labritja dans le nord de l’île, tout comme Santa Eulalia, ont également adopté une nouvelle règle d’urbanisme sur leur territoire. Ratifier à l’unanimité par les groupes politiques, la nouvelle norme interdit l’implantation de toute nouvelle discothèque ou nouveau beach club sur le territoire communal. Ce afin de limiter la saturation du territoire, qui plus est pour une activité unique. 

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Pour varier son offre touristique et désaisonnaliser l’activité économique d’Ibiza, les élus, tout comme les habitants, misent en priorité sur le tourisme vert. Car avant d’être une île club, Ibiza est surtout un territoire culturel et naturel magnifique. Les Ibiziens souhaitent protéger et revaloriser les ressources exceptionnelles de l’île telles que les criques idylliques, les eaux turquoises, la végétation tropicale et les villages anciens, blanchis à la chaux. L’objectif est alors d’attirer davantage les familles, travailleurs nomades et amoureux de nature, susceptibles de venir en dehors de la saison estivale, pour pratiquer des activités de pleine nature ou visiter l’Ibiza traditionnelle. Ibiza cherche ainsi à apaiser et verdir son image dans l’espoir que l’île puisse vivre toute l’année de manière durable dans un environnement naturel protégé.

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