Dominique Gauzin-Müller, Philipp Madec et Alain Bornarel sont donc partis d’un même constat. Les activités des professionnels de la construction émettent encore beaucoup trop de gaz à effet de serre. Leur est ainsi venue l’idée de rédiger un manifeste dans lequel seraient dénoncées les pratiques qui pourraient être adaptées aux enjeux actuels ainsi qu’à l’état du patrimoine bâti existant.
Par frugalité heureuse, nous entendons l’idée d’économies et de sobriété en matière de dépenses énergétiques et budgétaires, tout en conservant une qualité d’usage et de vie des constructions. Notamment, les trois compères insistent sur l’idée selon laquelle il serait bien plus bénéfique de penser rénovation et réhabilitation de l’existant plutôt que de continuer à consommer chaque année près de 60 000 hectares de terres agricoles. Cette donnée représente environ la surface d’un département en seulement 10 ans !
Par ailleurs, les moyens donnés aux nouvelles technologies et aux nouvelles méthodes de construction doivent selon eux être mieux gérés et l’architecture devrait en être moins dépendante. « Ce n’est pas le bâtiment qui est intelligent, ce sont ses habitants », indique le manifeste. En admettant que les nouveaux bâtiments sont particulièrement efficaces en termes énergétiques, les trois professionnels estiment toutefois qu’il est temps de développer les mêmes qualités, mais en utilisant des moyens plus raisonnables.
Ce « manifeste pour une frugalité heureuse », porté par trois spécialistes de l’aménagement démontre bien qu’une réelle avancée a malgré tout eu lieu en matière de respect environnemental dans le monde architectural et urbain. Seulement, les efforts remarqués ces dernières années incitent les aménageurs à construire davantage. Sauf qu’une ville durable ne doit pas simplement se reposer sur la technologie qu’elle peut aujourd’hui mettre en œuvre. La ville de demain, frugale, doit au contraire savoir adapter ses connaissances aux enjeux urbains pour rendre la ville à la responsabilité de ces habitants.