Des lieux chaleureux sous un ciel d’hiver
Vancouver, huitième ville canadienne la plus peuplée et en tête du classement national pour sa densité, est une de ces grandes métropoles de l’ouest canadien dont le climat hivernal n’est pas toujours clément. Parmi sa jeune population très représentée, des étudiants de Simon Fraser University se sont associés à l’agence CityStudio pour faire germer ensemble un projet attrayant et original permettant d’occuper l’espace public. Il s’agit de Cozy Crates, littéralement des “boîtes douillettes” en libre service dans la ville.
L’idée est empruntée au Danemark, où la culture “Hygge”, signifiant le “bien être”, est devenue extrêmement populaire, et à l’initiative de beaucoup de projets innovants. Le “Hygge” danois, est un qualificatif utilisé pour définir une atmosphère chaleureuse, tamisée, amicale ou familiale (que l’on traduirait en France par le mot anglais cocooning ou “cozy”), et fait aujourd’hui partie de l’ADN de la culture danoise. Cette atmosphère est amplifiée pendant la période de Noël, lorsque la ville est éclairée par des guirlandes et sent le vin chaud à plein nez, rappelant à tous le besoin de ce confort intimiste.
Se réchauffer, s’arrêter
Lorsqu’il fait froid au Canada, il est difficile de voir dans les espaces publics des villes des lieux de convivialité et d’échanges. Ces derniers sont vite désertés, et les températures extérieures nous rendent nostalgiques des longues soirées au coin du feux, dans un “cocon familial”. Les places se vident au détriment d’intérieurs plus chaleureux. C’est-là l’objectif de cet audacieux projet: créer en plein cœur de la ville ces fameuses “Cozy Crates”, ilôts confortables à taille humaine et en libre service, où l’on puisse retrouver la chaleur si ce n’est de la tente, celle au moins du rapport humain.
Ces nouveaux “tiers-lieux” mobiles ont une vocation double. En plus de participer à renforcer la dimension confortable de la ville, ils incitent les gens à s’arrêter. D’un lieu de passage, un centre ville devient alors un lieu de vie, où l’on choisit de retrouver ses amis, de discuter plaid sur les genoux à la lueur de bougies.
Projet durant le Marché de Noël à Vilnius, Lituanie – Crédit photo ©Humphrey Muleba via Unsplash
Du lien social !
Au Danemark, où les nuits commencent parfois à 15h, la philosophie est très claire: le bien-être redonne confiance et rend heureux. Ce n’est pas par hasard que nos amis danois sont dans le top 3 des peuples “les plus heureux du monde”. Les Cozy Crates canadiennes ont la même ambition. Si l’on peut retrouver un petit goût de “chez soi” au sein de l’espace public, alors tout est gagné. Ces Cozy Crates participeraient en quelque sorte à une appropriation des centres-villes et à leur personnalisation : on s’y sent comme chez soi.
Les Cozy Crates sont assurément créatrices de lien social au sein de la ville. Et c’est ce que souhaitent mettre en place les étudiants de la SFU. Plus qu’un endroit où l’on se protège du froid et de la pluie, elles sont pensées pour être un endroit où l’on est heureux en ville, où l’on crée des liens.
Des espaces sur-mesure
Les Cozy Crates ont également une autre ambition imaginée par leurs créateurs : le public serait davantage susceptible d’apprécier le lieu s’il peut en être lui-même acteur. Conjointement à l’élaboration du mobilier urbain, a été mis en place un outil qui permet, avec simplicité d’utilisation, d’interroger les utilisateurs afin de recueillir la façon dont ils imagineraient ces espaces de confort.
Les Cozy Crates, ces outils appelés à évoluer, remportent en attendant un franc succès à Vancouver. Cette initiative étudiante canadienne gagnerait à être diffusée dans de nombreuses villes, où l’espace public n’est pas tout le temps chaleureux et intimiste. De quoi ramener, sans d’importantes dépenses, un peu de réconfort dans nos villes !
Crédit photo ©5688709 via Pixabay