À l’est de Paris, se dresse une forêt entre Romainville, Pantin, Les Lilas et Noisy-le-Sec. Un espace sauvage qui s’est développé sur une ancienne carrière dont la fermeture remonte à 1965. L’endroit est resté livré à lui-même durant 50 ans, laissant la végétation reprendre ses droits et de devenir une forêt luxuriante dans un espace interdit d’accès. Au point qu’aujourd’hui, il s’agit d’un véritable refuge pour la biodiversité en plein milieu de l’agglomération parisienne. Ainsi, au cœur de cette forêt viennent désormais nicher de nombreux d’oiseaux, des mammifères et des reptiles.



En 2000, un projet d’aménagement est annoncé. Celui-ci est ensuite resté en suspens pendant des années faute de budget, notamment car le terrain est complexe à aménager, étant un véritable gruyère très instable à cause de l’exploitation minière. Il faut donc combler les trous pour supprimer l’instabilité du sol.




Le premier projet dans les années 2000 prévoyait de défricher l’ensemble de la forêt. ©



Ce premier projet était très important, pour un budget de 54 millions d’euros, il était prévu de raser la majeure partie de la forêt pour la remplacer par de grands parterres d’herbe et des chemins. Mais le projet reste finalement en suspens, puis il est modifié, revu à la baisse, pour qu’enfin une petite partie des galeries soient comblées et des jardins familiaux construits.



Jusqu’à ce que le dossier ressorte en 2015, avec un nouveau projet, celui de devenir un des îlots de loisirs de la région Île-de-France (le 12ème du genre) et le plus proche de la capitale. Ce qui en fait un secteur à enjeux donc.



Le nouveau projet est plus petit, pour un coût estimé à 14,6 millions d’euros. Sera construit une zone de détente, un solarium, un pâturage, un parcours sportif, un mur d’escalade, un parcours accrobranche, une piste cyclable et un poney club. Une diversité d’activités pour rendre la zone plus attractive et offrir des loisirs pour les jeunes habitants des alentours.




Le nouveau projet occupe une surface plus réduite ©




Un projet contesté



Mais le projet d’îlot de loisirs a reçu plusieurs critiques de la part notamment d’associations de défense de la biodiversité. Car s’il se veut plus respectueux de la nature, il est nécessaire pour qu’il se réalise de faire de nombreux travaux de paysagisme et de sécurisation des sols qui détruiront inévitablement une grande partie de la forêt.



Le lieu fait véritablement office de poumon vert dans une zone centrale du Grand Paris, où les espaces sauvages ont presque totalement disparu. Au fil des années de stagnation du projet, l’endroit a développé une nature luxuriante, les problématiques écologiques ont continué à s’accroître et cet écrin de nature sauvage a trouvé des défenseurs.




La Corniche des Forts offre une végétation luxuriante au cœur de l’agglomération parisienne ©



Par une tribune dans Libération, “Les Amis de la forêt de la Corniche des Forts”, ont exprimé leur souhait de préserver la forêt. Ils appellent à s’inspirer de grande métropoles du monde dans lesquelles des espaces forestiers sont protégés au cœur de la ville comme à Tokyo ou Toronto. Ils souhaitent utiliser les lieux comme un observatoire de la nature, un moyen de valoriser cet espace sans le dénaturer et perturber la faune et la flore qui s’est installée.



Parmi les signataires, on retrouve l’écrivain Pierre Rabhi, différents représentants d’associations de protection de la nature, mais aussi des architectes, paysagistes et urbanistes, ainsi que des journalistes comme Fabrice Nicolino qui avait déjà en 2012 proposé de faire de cet espace un observatoire de la nature. Une proposition aussi exprimée par des étudiants de l’École spéciale d’Architecture qui ont imaginé dans des projets les formes que pourraient prendre ces observatoires !



Le projet a bien proposé une compensation des hectares sauvages perdus mais dans un autre îlot de loisirs à 16 km de Romainville, en périphérie de l’agglomération parisienne. Une solution qui est loin de satisfaire les défenseurs de la forêt, car il s’agit là d’une perte d’espaces sauvages définitives pour le centre qui n’en possède déjà quasiment plus.