Des livres jetés par centaine
Alors que beaucoup n’ont pas accès à la culture, dans le quartier Çankaya d’Ankara, on jette des livres sans trop de scrupule. C’est ce dont se sont rendu compte les éboueurs turcs, en faisant le ramassage des poubelles dans le quartier. Au milieu des affaires en parfait état, une variété d’objet semble être présente en grande quantité: dans ce quartier aisé où se concentrent institutions politiques et économiques du pays, les livres ne sont plus trop à la mode, au point que l’on s’en débarrasse. Désintérêt pour la culture ou conséquences de la numérisation, ces trouvailles, si elles ont débarrassé certains, ont fait le bonheur de beaucoup d’autres.
Un livre trouvé, s’il est en parfait été peut bien sûr attirer notre curiosité. Difficile néanmoins de récupérer des centaines d’ouvrages pour sa bibliothèque personnelle. Les éboueurs d’Ankara ont donc eu une idée solidaire: celle de les récolter pour en faire une bibliothèque publique et ouverte à tous.
Quand les éboueurs se prennent au jeu de la seconde main
Ni une ni deux, les éboueurs œuvrent avec leur famille, à la récolte des ouvrages: les livres sont triés, lavés, vérifiés et ce pendant plus de sept mois. Le but initial était de créer un espace convivial réservé aux artisans de la propreté de la ville, où ils puissent se retrouver en dehors du travail. Mais face au succès et à la quantité de livres récoltés, ils décidèrent finalement de voir plus large et d’ouvrir la bibliothèque au public.
Une initiative locale à double utilité
Le lieu entièrement gratuit peut être considéré comme d’utilité publique, tant il permet un accès simplifié à la lecture et donc à la culture. La bibliothèque ouverte 24h/24 pour les éboueurs dont les horaires de travail sont parfois matinales, en arrange plus d’un. Beaucoup de personnes parmi les visiteurs du lieu se réjouissent d’ailleurs de l’originalité des livres trouvés sur place.
Seconde utilité, la bibliothèque a élu domicile dans une ancienne usine de briques rouges désaffectée depuis la fin des années 90… Pas de construction superflue, un service rendu à tous et un nouveau lieu de vie créé : depuis, une cafétéria, un barbier et des espaces de repos se sont installés. Poubelles, lecture et dodo !
Sur une planète, où la quantité de déchets générée par l’activité humaine est toujours plus importante, l’initiative portée par les éboueurs d’Ankara trouve tout son sens. Le recyclage et le réemploi participent activement à construire une société plus respectueuse de son environnement.
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