Les images de files d’attente interminables pour l’approvisionnement alimentaire sont frappantes. Dans l’imaginaire collectif, elles sont spontanément associées au rationnement pendant la guerre, ou bien plus récemment à des situations de famines. Elles sont alors perçues comme des signes de graves dysfonctionnements structurels.
Une telle situation en France, c’était donc impensable il y a peu. Bien sûr, on connaissait les files d’attente en ville, dans les boutiques, les supermarchés, les musées. Mais depuis le début de la pandémie, le phénomène est d’un autre type : de plus en plus de gens sont contraints de faire la queue à la distribution d’aide alimentaire. Plus les jours passent, plus les files s’étirent. Dans les métropoles françaises, ces scènes font maintenant partie du quotidien.
Au fil des semaines, on a pu constater aussi que les étudiants étaient toujours plus représentés lors de ces distributions. D’après un sondage Ipsos pour la fondation Abbé Pierre, en date du 15 janvier dernier, 20% des jeunes de 18 à 24 ans ont eu recours à l’aide alimentaire depuis le début de la crise sanitaire. Les villes ont donc dû se saisir spécifiquement du sujet de la précarité étudiante. Dorénavant, des distributions sont exclusivement organisées au bénéfice des étudiants qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins.
Dans la capitale, par exemple, des dispositifs ont déjà été mis en place pour tous les étudiants, sans condition de ressource. La Maison des initiatives étudiantes (MIE), le service public de la Ville de Paris qui vient en aide aux étudiants, chapeaute les distributions gérées par des associations traditionnelles comme les Restos du Cœur ou le Secours populaire, mais aussi avec des structures plus confidentielles, comme la toute jeune association Co’p1, dont l’action a été médiatisée à la faveur de la crise sanitaire.
Co’p1, c’est une association parisienne née en septembre 2020, créée par et pour des étudiants, qui lutte contre la précarité grandissante dans la communauté étudiante. Depuis la rentrée 2020, elle organise des distributions de colis alimentaires à destination des étudiants précaires d’Ile-de-France. Ces distributions hebdomadaires ont lieu deux fois par semaine et permettent à l’association Co’p1 de distribuer quelque 250 colis alimentaires par distribution.
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