Les deux dernières années d’actualité politique en France nous ont bien fait comprendre qu’un réel décalage s’était créé entre la sphère exécutive et la population citoyenne. Les mouvements sociaux nombreux ces derniers temps furent plus que jamais vindicatifs de démocratie populaire et directe, qu’a prouvé l’émergence d’une classe moyenne libérée de sa parole. Plus question d’invoquer des politiques abstraites et technocrates dans les programmes politiques : les luttes doivent converger et pour cela, la politique doit être solidaire des plus fragiles. En commune, l’action sociale est coordonnée par les CCAS (Centre Communal d’Action Social) centralisateurs de différentes politiques. Ces dernières doivent composer avec les associations mais aussi avec les centres médico-sociaux et les différentes structures d’Etat à échelle plus intercommunale. Privées ou publiques, les initiatives sociales locales sont nombreuses et doivent évidemment figurer dans les programmes des futurs élus. Comment les candidats aux élections municipales de 2020 évoquent-ils la question de la solidarité dans leurs programmes ?
Coup de projecteur sur…
LYON
Pour la 2e ville française dont les élections du 15 et du 22 mars se dédoublent cette année avec l’élection du Président de la Métropole (comptant plus d’un million 300 000 personnes), les enjeux sont multiples pour la capitale de la gastronomie française. Depuis 2001, c’est l’ancien socialiste Gérard Collomb, ayant rallié le gouvernement en 2017, qui occupe l’Hôtel de Ville de Lyon. Après 19 ans de politique lyonnaise et presque deux ans au gouvernement d’Edouard Philippe, le marcheur de la première heure n’a pas été désigné comme tête de liste pour la liste LREM.
Même si Lyon peut compter sur son tissu associatif étendu et dynamique, les précarités ne doivent pas être écartées. L’immolation d’un jeune étudiant lyonnais, il y a quelques mois, donne un nouvel élan à la solidarité lyonnaise et on le constate dans les programmes.
Sans domicile fixe dans les rues de Lyon – Crédit photo ©FaceMePLS via Flickr
Les candidats veulent tous, unanimement, lutter pour un accès au logement pour les plus démunis. La majorité d’entre eux souhaite la fin des logements d’urgence pour les sans-abris, mais le développement des logements pérennes (c’est le cas de Nathalie Perrin-Gibert, candidate Lyon en commun) qui souhaite aussi éradiquer totalement la présence “d’enfants à la rue” dès son élection. Les candidats sont aussi sensibles à leur assurer un accès à des bains-douches et à des infrastructures sociales, des restaurants et épiceries solidaires, notamment en réinvestissant les logements vacants (Sandrine Runel, candidate PS gauche unie, Nathalie Perrin-Gibert et Grégory Doucet, EELV). Le candidat écologiste veut également faciliter l’accès à l’hébergement de personnes victimes de violences familiales. La proposition est partagée par Nathalie Perrin-Gibert.
Le candidat républicain, Etienne Blanc, quant à lui, préfère user de subsidiarité : il veut encourager les initiatives lyonnaises en faisant en sorte que les associations aient accès à des prêts à taux zéro auprès des banques lyonnaises, pour agir au plus proche. Sandrine Runel, a le même objectif et souhaite organiser chaque hiver une “Nuit de la solidarité” à Lyon pour mobiliser les associations et les citoyens bénévoles.
Concernant la santé, Etienne Blanc veut réouvrir un dispensaire pour les plus fragiles, là où pour Sandrine Runel il faut promouvoir des centres de santé communaux.
À Lyon, on revendique aussi quelques mesures pour mettre fin aux injustices : telles que mettre fin au mobilier urbain « anti-SDF » et la gratuité de la cantine et des transports pour les familles en difficulté au PS, la valorisation des initiatives intergénérationnelles pour Agnès Marion, candidate au RN.
À Lyon, qui sera alors le plus solidaire ?
DIJON
Dans la ville préfecture de Côte-d’Or, neufs listes se disputeront la mairie ce dimanche. De la France Insoumise au Rassemblement National, tous les partis politiques sont représentés avec, un peu plus qu’ailleurs, six listes véritablement encartées et trois “sans-étiquette”.
Parmi eux, Stéphanie Modde et sa liste Dijon Écologique et Solidaire encartée EELV fait de la solidarité un des trois piliers de son projet, comme le nom de sa liste l’indique. Pour le logement, cette dernière souhaite favoriser par exemple la “cohabitation” dans les logements sociaux et privés par un soutien aux associations qui favorisent cette mixité sociale. Elle souhaite aussi augmenter le nombre d’hébergements d’urgence pour les sans-abris et, dispositif encore peu pratiqué : faire baisser le prix du logement par les OFS (Organisme de Foncier Solidaire) permettant d’ouvrir les possibilités d’accès à la propriété. La candidate souhaite aussi lutter contre “l’exclusion du monde du travail” en créant des territoire “zéro chômage” en appuyant les structures d’insertion professionnelle.
Le maire PS sortant François Rebsamen, lui, veut continuer à affirmer son soutien au CCAS en l’accompagnant d’un fonds de solidarité. Il s’engage aussi à créer un poste d’adjoint en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes. Il souhaite aussi faire en sorte que les enfants des écoles puissent sortir de leur environnement pour s’ouvrir aux autres et partager des expériences.
Emmanuel Bichot, candidat LR souhaite quant à lui lutter contre les diverses formes de radicalisme communautaire pour favoriser le vivre-ensemble. Il veut aussi développer le plus possible les visites aux personnes âgées pour pallier la solitude de certaines personnes isolées avec les élus de quartier et les associations. Et enfin, il veut soutenir les associations mutualisées et une optimisation de l’utilisation des locaux vacants de la ville.
Au Rassemblement National représenté par Damien Cantin, “on se sent tous gilets jaunes” et on veut combattre l’accès au centre-ville réservé à une certaine catégorie de la population en le rendant gratuit par exemple, la première heure de stationnement. Et enfin, pour la liste de Sylvain Comparot, candidat LREM, il faut à la fois créer des résidences intergénérationnelles pour créer du lien social entre générations. On soutient aussi une Fabrique à projets composée d’élus, d’agents de service publics locaux et citoyens. Et enfin, on souhaite renforcer l’accessibilité des infrastructures aux personnes à mobilité réduite, entre autres.
Crédit photo de couverture ©Stefano Intintoli via Unsplash