La mobilisation des gilets jaunes ne s’est pas essoufflée en ce début d’année et Caen fait partie des villes où la mobilisation se fait sentir. La mairie de Caen a déjà mis en place des dispositifs pour recevoir les demandes de ses habitants. L’un des services que la collectivité propose est un rendez-vous avec le maire, Joël Bruneau, qui reçoit les citoyens de sa ville un samedi matin par mois entre 8h et 13h. Une permanence ouverte qui existait déjà mais qui était encore peu connue des habitants et qui méritait donc d’être mise en évidence suite aux évènements récents. Ainsi, le 5 janvier, une cinquantaine de gilets jaunes l’ont rencontré !
Pour aller plus loin, et en réponse à la proposition de l’opposition, la mairie a décidé d’ouvrir ses cahiers de doléances à tous les citoyens dès ce lundi 7 janvier 2019 pour transmettre, selon les engagements du maire, les requêtes au premier ministre chaque semaine. La mairie a donc mis en place le dispositif permettant aux citoyens d’écrire une requête dans les cahiers. Ainsi, il est possible de se rendre à l’hôtel de ville, dans des pôles de quartiers aménagés à cet effet ou même d’envoyer sa requête par email à l’adresse suivante : doleances.gouvernement@caen.fr.
Les cahiers de doléances étaient anciennement des registres dont l’utilisation remonte au 14ème siècle. Ils servaient à transmettre les “doléances” et les “voeux des français” par l’intermédiaire des assemblées en charge de l’élection des députés, en vue de la tenue prochaine des Etats Généraux. Sous l’ancien régime, ces registres étaient particulièrement célèbres, puisqu’en 1789, les trois ordres manifestaient une volonté forte de changement et les registres du Tiers Etats révélaient des revendications communes, parmi lesquelles, la fin de la monarchie absolue, des impôts pour tous les français et une réunion plus régulière des États Généraux pour délibérer sur ces impôts.
Cahiers de doléances de la ville d’Angers, 1789
Aujourd’hui, ces registres reviennent en force. Le lien entre les habitants et la sphère décisionnelle s’est distendu et les cahiers de doléances représentent un outil de la démocratie participative qui est plus que jamais demandée par les habitants pour se faire entendre. D’ailleurs, ils reviennent au goût du jour dans plusieurs villes de France. Par exemple, cette démarche a déjà été mise en place dans la ville de Cherbourg dans la Manche ou à Fécamp en Seine-Maritime. A Bretigny-Sur-Orge, dans l’Essonne, le maire a dépouillé les requêtes devant la caméra laissant ainsi déjà apparaître quelques points communs dans les revendications, soit la question du pouvoir d’achat et une forte demande de justice sociale.
L’association des maires ruraux de France particulièrement concernés par la crise des gilets jaunes prépare de son côté “une synthèse des différentes communes sous forme de propositions”. Ces registres sont l’occasion de resserrer les liens avec les administrés et de permettre à tous, un par un, de s’exprimer sur leurs revendications personnelles. Une étape cruciale qui ne devra pas être ignorée mais suivie de mesures pour tenter de répondre au mieux aux diverses situations des administrés.