Il faut dire que la France n’est pas très bien classée en matière de gestion et tri des ordures. Elle se retrouve 19ème sur le classement européen. Pourtant, l’Union Européenne s’est fixé l’objectif de recycler au moins la moitié de ses déchets ménagers d’ici 2020. La rue Zéro Déchet arrive à un moment où il est temps d’accélérer la cadence pour répondre à cette échéance imminente.
Ainsi, la rue de Paradis, près de la gare de l’Est, se transforme progressivement d’ici décembre, afin de contribuer à la réduction des déchets de la capitale. Un objectif ambitieux puisque comme son nom l’indique, il est question de ne tolérer aucun déchet. Pourtant, bien que « le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas », une révolution aussi radicale se fait difficilement du jour au lendemain. Ici, il s’agit donc de guider les citoyens vers cet objectif de réduction globale des déchets.
La rue de Paradis dans le Xème arrondisement parisien – Crédit photo ©Milliped via Wikipédia
Proposé dans le cadre du plan Climat, le projet consiste à accompagner les citoyens de cette rue parisienne à réduire leur production de déchets le plus possible et à mieux les trier avec l’aide de divers dispositifs. Parmi eux, des composteurs collectifs, un frigo partagé et des cendriers de poche. Des formations seront organisées avec Zero Waste Paris, ainsi que des ateliers « Do It Yourself » pour apprendre à faire ses produits de soins ou ses produits ménagers. Enfin, pour quantifier l’évolution de la démarche et des efforts fournis par les habitants, ces derniers seront invités à peser leurs déchets et à inscrire l’évolution sur une grille de pesée.
Transformée en un laboratoire d’expérimentation sur l’accompagnement à la réduction des déchets de divers acteurs de la ville, la rue de Paradis peut servir d’exemple pour des mesures plus large. Ainsi, elle pourra attiser la curiosité et inspirer d’autres arrondissements de Paris, mais aussi d’autres villes de France. D’autant plus qu’avec ses commerces, ses restaurants, son école, ses logements sociaux et privées et ses entreprises qui cohabitent, l’ambition est de réussir à adapter les dispositifs à une population diverse pour plus de succès.
Face à une loi sur la transition énergétique qui prévoit une augmentation du recyclage des déchets de 10% d’ici à 2020, alors même qu’en cinquante ans, la ville de Paris a vu la poubelle de ses habitants doubler de volume, il est légitime de se demander quelles seraient les mesures prioritaires à mettre en place pour atteindre de tels objectifs.
Les Echos avançait dans un article que l’enjeu majeur pouvait bien être le tri et la collecte sélective des déchets qui réduirait les poubelles des ménages des deux tiers de leur contenu. En effet, 50% des déchets ménagers sont recyclables alors que seulement 19% sont recyclés. Un décalage alarmant. S y ajoute la valorisation des déchets organiques qui constitue 22% des déchets jetés. Rappelons que la mairie avait également mis en place un plan de lutte de gaspillage alimentaire, le Plan comPost parisien 2016-2020, un dispositif pour accompagner les copropriétés à mettre en place un système de compostage collectif dans les copropriétés avec ou sans jardin.
La rue Zéro Déchet, plus incitative et accompagnatrice pourrait être une mesure efficace et une solution sur le long terme. Atteindre le zéro déchet peut être perçu comme un défi pour les plus compétitifs, comme un moyen de resserrer les liens entre voisins et ainsi de la jouer collectif pour les plus sociaux. L’accompagnement proposé peut rassurer et motiver ! En attendant les résultats de cette initiative, il serait intéressant de planifier d’autres mesures comparables échelonnées dans le temps dans d’autres quartiers de la ville. Pour s’inspirer, la ville modèle de San Francisco, qui recycle plus de 80% de ses déchets, foisonne d’idées et de moyens pour atteindre ses objectifs.