Tellement de sujets auraient pu être abordés pour parler des femmes dans leur ville, mais nous voulions du positif et de l’inspiration, venant d’ici et d’ailleurs.

Parmi les secteurs vecteurs d’égalité, les pratiques sportives et de loisirs sont encore trop souvent reléguées à un second rang, moins prioritaires que les questions de sécurité ou d’égalité salariale. Pourtant, et c’est bien le postulat initial de Womenability, les femmes ont le droit à plus que de se sentir en sécurité dans leur ville. Que ce soit des problématiques de mobilité, de vie familiale, de loisirs, de sécurité, c’est de manière globale et transversale que la ville de demain doit être construite pour que toutes et tous puissions bien nous y sentir.

Dans le rapport de notre étude-action internationale publié en décembre dernier, les femmes interrogées se déclaraient dans l’ensemble satisfaites de leur accès aux loisirs, tout en pointant l’absence d’espaces extérieurs propices à la détente. En revanche, seule la moitié exprimait une satisfaction à l’égard des équipements sportifs et de leur utilisation.

A ce titre, une enquête de l’INSEE (novembre 2017) révèle que les jeunes femmes de 16 à 24 ans sont en moyenne à peine un tiers à pratiquer une activité physique hebdomadaire, contre 45% de leurs congénères masculins du même âge. La supposée désaffection des femmes pour le sport trouve ses racines dans une variété de pratiques inégalitaires qui contribuent à éloigner les femmes de la pratique sportive dès leur plus jeune âge.

Selon la même étude, on découvre par exemple que les jeunes filles sont peu présentes dans les sports collectifs, au contraire des garçons dont ils deviennent dès lors la chasse gardée. On les retrouve en revanche dans des disciplines traditionnellement féminines comme la gymnastique ou la danse. Cette première sélection, souvent effectuée par les parents sur la base de stéréotypes de genre, conditionne dès leur plus jeune âge la pratique sportive des jeunes femmes.

La fréquentation des espaces de loisir par les jeunes filles connaît une disparition brutale autour de l’âge de douze ans, soit l’apparition de la puberté. Outre les nombreux changements biologiques et physiologiques qu’elle provoque, la puberté change également le regard des hommes sur le corps féminin, et y introduit une dimension sexuelle. Les questions de sécurité, qui préoccupent toutes les femmes, ne sont pas étrangères à la pratique sportive, et ce sont principalement elles qui expliquent que les équipements sportifs deviennent l’apanage des hommes.

Mais les contre exemples fleurissent avec le printemps en chemin : réflexions dès la cours de l’école, espaces et temps dédiés aux jeunes filles, meilleure reconnaissance des professionnelles sportives, médiatisation des compétitions féminines, mixité des sports, gender budgeting… L’appropriation et l’investissement de l’espace public passent également par un droit à une pratique sportive et de loisirs égalitaire et sereine à (re)conquérir.

Plein de pistes à creuser ; on vous en dit plus avec des expertes et toute l’équipe de Lumières de la ville tout au long de la journée !

Womenability, rédactrice en chef·fe du jour