Yoann Sportouch est rédacteur en chef de Lumières de la ville, le média qui pense l’urbain et l’humain.

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© Olivier Laban-Mattei/Myop pour Le Monde

A Paris, depuis une semaine à la nuit tombée, un mouvement inédit prend corps, place de la République. Des centaines de personnes se réunissent pour re-constituer une nouvelle agora et échanger autour de leurs déceptions, de combats à mener, d’idéaux à retrouver. Chacun prend la parole à tour de rôle et la foule, assise devant la tribune éphémère applaudit ou non, après chaque intervention. Nuit Debout, c’est le nom qui a été donné à ce mouvement qui se veut ouvert, positif et avant tout populaire. Un but ? Réinventer une nouvelle manière de faire de la politique, au-delà des partis et des syndicats. Un mouvement… populaire, sur un espace… public.

Pourtant la Mairie de Paris ne l’entend pas de cette oreille et considère, par la voix de sa première représentante, que l’occupation de la place dont la nouvelle forme fut inaugurée en juin 2013, n’est autre que de la « privatisation d’un lieu public ». Une prise de position particulièrement étonnante à plusieurs titres, comme si le sens même de « l’espace public » tel qu’il est utilisé par le politique serait radicalement opposé à celui qu’il est censé porter comme représentation et comme idéal.

Le philosophe allemand Jurgen Habermas, qui a popularisé l’usage de cette notion, définit l’espace public comme un espace intermédiaire entre la société civile et l’Etat, comme un lieu accessible à tous les citoyens et au sein duquel chacun peut s’y assembler pour y former une opinion publique. Les débats qui sont menés durant ces « Assemblées Générales populaires », ont pour but de partager des émotions, des difficultés, des ressentis, des points de vue et justement d’en dérouler une parole, un constat, une indignation vis-à-vis de situations particulières portant atteinte à l’intérêt général, en somme… une opinion publique, telle qu’Habermas le définit.

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