La démarche spatio-temporelle est décidée : de la pierre blanche historique au verre futuriste, nous voilà arrivés au cœur du quartier d’affaire milanais Porta Nuova. Ce n’était donc pas une légende, l’urbanisme italien est bien autant inspiré qu’inspirant.
Jusqu’à la pointe de sa flèche, la Tour Unicrédit invite à rejoindre la Piazza Gae Aulenti. Reflétant avec créativité la personnalité de cette femme architecte pionnière et designer, la place se dessine autour d’un miroir d’eau laissant s’élever en son centre le Solar Tree. Simple fruit de l’imagination, l’arbre aux feuilles de LED pourrait-il rappeler l’élégance de la lampe Pipistrello, en hommage à Gae Aulenti ?
360° plus tard, s’offre alors à nous un délicieux mélange des sens : les reflets mutuels d’un bâtiment à un autre, les résonnances d’un père et son enfant qui discutent à travers les trompettes artistiques, la fusion du verre avec le bois, la pierre et l’ardoise, ou encore les parfums gourmands de la nourriture italienne…
En poursuivant la traversée de l’innovant centre commercial, et en s’aventurant au-delà, des constructions singulières sont érigées de part et d’autre de la promenade semblable à un laboratoire d’architecture contemporaine.
A nouveau, un délicat mélange d’essences se laisse lire au sein de la biblioteca Degle Alberti, librairie végétale à ciel ouvert exposant une collection d’espèces et d’écosystèmes citadins. Alors se dresse devant nous la forêt verticale. Telle une effigie dotée d’une robe luxuriante, sa parure verte domine le tapis fleuri. Modernes et arborées, les deux tours dévoilent un caractère apaisant, qui donne envie d’y pénétrer. Intégré dans le style contemporain, mais aussi dans l’arrière-quartier plus ancien, le concept botanique écodesign se fond autant qu’il s’impose dans ces lieux au nouveau visage.
Nous sommes bien loin d’une jungle urbaine anarchique : tout semble mesuré, sans aucune place laissée à l’improvisation. Malgré tout chaque individu est acteur de ces lieux et fait de lui une pièce vivante : les résidents promènent leurs amis canins, les enfants rieurs côtoient les étudiants pensifs, les sportifs s’entrainent à côté des travailleurs en pause déjeuner.
Les aménagements du parc se jouent de la topographie, permettant à cet espace public d’esquisser un relief au service d’espaces plus intimes.
Enfin, la découverte des lieux s’achève du haut du 39ème étage de la tour panoramique Palazza Lombardia : les perspectives sont mémorables et révèlent un kaléïdoscope urbain exceptionnel, arborant lignes droites et courbes dans un camaïeu géométrique de vert, de nuances grises et orangées.
En écho à la Scala, une harmonie plane sur Porta Nuova, au gré de cet arpège paysagé orchestré par les professionnels de l’aménagement en quête de l’accord parfait, pour le plus grand plaisir du public !
Camille BACHET