Et cette canicule est telle qu’elle en devient même un problème de santé publique. En effet, la ministre de la santé Marisol Touraine a décidé la semaine dernière, de lancer la plateforme téléphonique d’information « Canicule ». Sur le site du ministère, tout un chacun peut donc y retrouver les bons gestes à adopter ces jours de fortes chaleurs.
Ces gestes, il nous faudra d’autant plus les mettre en pratique dans les grands centres urbains, puisque les températures y sont d’autant plus importantes du fait de la présence de ce qu’on appelle les îlots de chaleur.
Ce phénomène spécifiquement urbain fut décrit pour la première fois au 19e siècle par un certain Luke Howard, pharmacien de son état, mais surtout passionné de météorologie. Celui qui nomma également les trois principales catégories de nuages — cumulus, stratus, et cirrus — identifia « des élévations localisées des températures, particulièrement des températures maximales diurnes et nocturnes, enregistrées en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou forestières voisines ou par rapport aux températures moyennes régionales ».
Comment expliquer la surchauffe urbaine ?
Différentes raisons existent à cette surchauffe urbaine et l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Ile-de-France planche depuis quelques années sur des solutions pour l’atténuer. Et nous ne sommes pas les seuls en France à connaitre ce phénomène, l’ensemble des métropoles mondiales est concernée et certaines d’entre elles, luttent également d’ailleurs ce phénomène. Au Canada et aux Etats-Unis notamment, différentes expériences sont menées pour tenter de faire baisser la température en ville.
Pour tenter de comprendre ce phénomène et découvrir quelles sont les solutions à venir pour l’enrayer nous avons interrogé Erwan Cordeau, chargé d’études sur le climat, l’air et l’énergie à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France.
Tout d’abord, pour expliquer la présence de ces « bulles de chaleur » en ville, il s’agit de croiser deux facteurs. Il semble évident que le premier de ces facteurs ne peut être que la concentration des activités humaines, mais il est d’autant plus renforcé quand on sait que ces activités sont elles-mêmes productrices de chaleur. Que ce soit par le dégagement de chaleur des usines, la mauvaise qualité de l’air induite par le nombre important d’automobiles, ou encore l’ensemble des réseaux de chaleur urbains (eaux chaudes, chauffages mal isolés…), il est clair que l’addition de toutes ces chaleurs a un effet sur les écarts de températures importants relevés entre les villes et les milieux ruraux. Mais la concentration humaine ne fait pas tout, c’est également l’organisation et les matériaux qui sont utilisés pour la construction de la ville qui sont en cause.
En effet, selon Erwan Cordeau « l’omniprésence de surfaces minérales [en ville] emmagasine l’énergie lumineuse. Les chaussées, les routes et les bâtiments emmagasinent la chaleur du soleil alors que la végétation joue un rôle d’atténuation en rafraîchissant l’air »[2]. Le problème se situe donc sur la capacité de la ville à pouvoir rejeter cette chaleur provoquée par le soleil. Composée en majeure partie de béton, de brique, de pierre, de ferrailles et d’asphalte, nos espaces urbains s’opposent forcément aux milieux ruraux beaucoup plus naturels et végétalisés.
Par ailleurs, l’organisation de la ville joue également un rôle dans la présence de ces phénomènes de chaleur. En effet, puisque la présence de cette chaleur en ville est avant tout causée par sa grande capacité d’emmagasinement et de conservation, « le vrai phénomène d’îlot de chaleur n’a donc lieu que la nuit, lorsque les surfaces urbaines se refroidissent très lentement »[3], explique Erwan Cordeau. Voilà la donc la raison pour laquelle, les nuits en ville, lors des grosses périodes caniculaires, sont parfois si difficiles à supporter. Et l’organisation urbanistique de la ville y joue un rôle important dans la mesure où « plus les rues ont la forme d’un canyon urbain, c’est-à-dire étroites et bordées de hauts murs, plus la chaleur a du mal à se dissiper. La ville se refroidit alors plus difficilement encore »[4].
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