Entre rénovation énergétique, redynamisation économique, solutions visant à recréer du lien social et de la solidarité, la réhabilitation des cités ouvrières traite, au-delà du bâti, des enjeux sensibles qui présentent ce patrimoine, souvent aujourd’hui délabré, comme un héritage de pauvreté et de dur labeur. Mais alors, comment mettre en valeur un patrimoine, une culture et un mode de vie si marqués par la mémoire ?
Certains projets se démarquent déjà par leur ambition et leur créativité, comme celui de la reconversion patrimoniale d’une des plus anciennes cités ouvrières du Nord-Pas-de-Calais : la Cité des Électriciens. À l’occasion des 36èmes Journées européennes du patrimoine organisées les 21 et 22 septembre, découvrons ce projet inauguré le 18 mai dernier afin d’en extraire les caractéristiques d’une reconversion aboutie !
La Cité des Électriciens, un imaginaire et une identité à reconstruire…
Construite entre 1856 et 1861 par la Compagnie des mines de Bruay, la Cité des Électriciens est la plus ancienne cité ouvrière du bassin minier de la région. Elle logeait les mineurs et leurs familles qui travaillaient à la fosse n°1 de la ville de Bruay-La-Buissière. Progressivement vidée et longtemps abandonnée depuis l’arrêt de l’activité minière dans la ville en 1979, la Cité des Électriciens ne jouissait pas d’une très bonne image. Vétuste, elle alimentait un imaginaire qui ne mettait pas son histoire à son avantage.
Contre toute attente, après l’inscription aux Monuments Historiques de la Cité des Électriciens en 2009, le bassin minier est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que “Paysage culturel, évolutif et vivant” en 2012. Témoin des conditions de travail difficiles et de la très faible qualité de vie des ouvriers de cette époque, la démarche de réhabilitation du site en friche portait en elle des enjeux importants pour la région : architecture, environnement, patrimoine, économie, etc.
Bien qu’il s’agisse de la plus ancienne cité minière du Pas-de-Calais, témoin de l’architecture des premiers corons et point de départ de l’évolution de l’habitat ouvrier, le site est alors promis à la démolition.
Pour tenter de résoudre cette contradiction et sauver la cité, la Ville et la Communauté d’agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane, en accord avec le bailleur social Maisons & Cités (propriétaire de la cité jusqu’au début des travaux), font appel à des collectifs d’artistes pour ouvrir le site au public. Entre 2009 et 2013, les activités artistiques menées avec les habitants du territoire et les riverains ont donné naissance à des œuvres éphémères et à des événements festifs dans la cité.
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