A Toulouse, par exemple, le Carrefour Culture organisait des « repas de quartiers » dès 1991 pour développer des moments de convivialité et de lien social entre voisins. A Paris, cela commence en 1999 dans le 17e arrondissement à l’initiative d’Atanase Perifan, également directeur de l’association organisatrice Immeuble en fête. En 2000, l’association des maires de France s’est associée aux bailleurs sociaux pour soutenir et amplifier le mouvement à l’échelle nationale. L’année dernière, l’événement rassemblait plus de 1 000 communes françaises et 8,5 millions de personnes. Étendue à l’Europe en 2003, puis à l’ensemble des continents depuis 2007, la Fête des Voisins, c’est aujourd’hui plus de 30 millions de participants dans 36 pays. Si le concept part d’une bonne intention, fonctionne-t-il vraiment ? La forme événementielle et ponctuelle de la Fête des Voisins a-t-elle contribué à changer nos modes de vivre en ville ? Une journée par an permet-elle de générer de nouveaux comportements sur l’ensemble de l’année ? Atanase Perifan, créateur de la Fête des Voisins, nous éclaire sur le sujet.

Comment commence l’aventure de la Fête des Voisins ?

L’idée de la Fête des Voisins part d’un fait-divers assez triste. C’était en 1996. Une de mes voisines, une dame âgée, avait été découverte chez elle quatre mois après son décès. Ca a été un choc pour moi. Je me suis alors rendu compte de l’ampleur de la solitude au sein de notre société. Derrière l’épaisseur de nos murs au sein de nos immeubles, il y a des détresses qu’on ne voit pas. Dans nos villes, il y a trop d’indifférence et d’anonymat. Il faut donc trouver un prétexte pour inverser la tendance. J’ai voulu créer un outil pour aller voir ce qu’il se passe aux autres étages.

Suite à ce décès, j’ai essayé de susciter une rencontre entre voisins. J’ai donc mis des affiches pour inviter mes voisins au bar du coin. Je me suis dit, le bar, c’est bien, on ne sera pas bloqués par les intempéries. Mon installation était assez sommaire. Il y avait trois tables, des cacahuètes, rien de plus ! Le problème de notre société est la souffrance relationnelle. Et cela ne se ressent pas uniquement chez les personnes âgées. Nos faits et gestes sont organisés au travers d’une logique d’avoir plutôt que sur un besoin d’être. Je me suis alors demandé comment s’organisaient ces campagnes marketing pour atteindre les gens. J’ai compris que leur impact découlait d’une stratégie, d’une organisation. Je me suis alors demandé quelle stratégie il fallait pour mobiliser les gens autour de ces valeurs d’être ensemble.

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