C comme Covid-19. C comme Confinement.
Depuis près de deux mois, les villes expérimentent le maxi-effet loupe qu’actionne le duo virus-confinement. Elle vit en gros plan permanent, le nez collé à ses dysfonctionnements et à ses manques mais aussi à ses réussites et à ses espoirs. Que veut-on Conserver ? Que doit-on Changer ?
Voici, en dix « C » comme Cité, les constats et questionnements synthétisés qui jaillissent de la situation inédite de nos villes. Comme si dans le silence qui les traversait, on entendait plus distinctement leurs réclamations.
C COMME CIRCONFÉRENCE
Nos attestations parlent « d’un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile ». Tous les urbains confinés ont immédiatement fait l’exercice du tracé sur GoogleMap, curieux de découvrir leur nouvelle surface de déplacement. Criant de vérité sur les inégalités urbaines, ce cercle ne pourrait-il pas devenir un nouvel étalon pour ceux qui pensent, font, et dirigent la ville? Et si demain, chaque urbain était être en mesure de travailler, s’alimenter, s’aérer, se cultiver, se soigner dans un rayon d’un kilomètre!
#CentralitésPourTou.te.s
C COMME CIRCUIT-COURT
La pandémie met en lumière la longueur et la complexité des chaînes d’approvisionnement, notre dépendance au système néolibéral globalisé,
nos habitudes (alimentaires et de consommation en général) toxiques pour notre santé et l’environnement. Comment davantage intégrer les
acteurs du circuit court – aujourd’hui alternatifs en image et anecdotiques en quantité- au système d’approvisionnement de masse des métropoles?
#Consommer&ProduireLocal
C COMME CIRCULATION
Si la limitation des déplacements imposée par le confinement a réduit l’usage de la voiture, qu’en sera-t-il une fois le déconfinement déclaré? Les transports en commun n’étant pas spontanément compatibles avec la notion de geste barrière, ceux qui le pourront n’auront-ils pas tendance à privilégier la voiture, ou les deux roues? Le vélo va-t-il voir son règne arriver?
#Cyclisterie
C COMME COLLECTIVITÉ
Tous les lieux où l’on vit en collectivité ont fermé ou fonctionnent anormalement. La distanciation physique rend impossible leur fonctionnement habituel. De l’école à l’EHPAD, des transports en commun au centre social, de la médiathèque au square, les lieux collectifs dessinent la ville, la rendent vivante. Par leur fonctionnement, ils évaluent notre rapport au service public et expriment les valeurs de notre société (partage, égalité des chances, mixité, accessibilité, sociabilité, entraide, ouverture, éducation, entreprenariat, créativité etc. ) Quel équilibre trouver pour demain entre la prise en compte du risque sanitaire et la nécessaire vitalité du collectif pour la ville ?
#Convillvialité
C COMME CHLOROPHYLLE
Les jardins sont fermés, les sorties dans la nature interdites : les urbains manquent d’air et de vert. Internet dit avoir vu les recherches de logement urbain avec balcon et jardin exploser, sans compter ceux qui souhaitent carrément quitter la ville. Le confinement sera-t-il un accélérateur de la végétalisation des villes, solution déjà prioritaire face aux enjeux de santé publique et au réchauffement climatique ?
#CarboneZéro
C COMME CULTURE
La Culture aime la ville et réciproquement. Théâtres, cinémas, librairies, festivals, salles de concert, musées, centres culturels ont fermés sans perspective claire de réouverture. Les initiatives virtuelles prises par les acteurs du milieu culturel sont très nombreuses pour continuer à nous faire profiter de leur patrimoine- sans pour autant pouvoir réinventer leur modèle économique- démontrant que l’ouverture sur le Beau, nous est VITALE : déjà alourdi par la pression sécuritaire, le spectacle vivant doit survivre aux contraintes sanitaires. Au delà des emplois, des passions, des entreprises, des lieux mythiques qu’il faut coûte-que-coûte sauver, c’est aussi le bien-vivre en ville qui en dépend pleinement! Comment la ville peut-elle accompagner ses lieux de création, dépendants de la fréquentation physique, de la rencontre réelle entre artistes et publics, et seul garant de la magie produite la scène?
#Créaction!
C COMME CACOPHONIE
En stoppant les déplacements, les chantiers, et l’accès aux lieux publics, le confinement a des effets collatéraux sur la pollution sonore. Les oiseaux chantent à nouveau! De quoi s’interroger sur la façon de préserver l’ouïe et la biodiversité dans les temps qui vont suivre le déconfinement.
#ConfortAuditif
C COMME COMMERCE
Le confinement revoit notre rapport à la consommation : on achète quoi? quand? où? pour quoi? On s’interroge sur ce qui est nécessaire : les conseils de notre libraire, le maraîcher du marché, ou le jingle du centre commercial? Les aléas des livraisons changent notre rapport au «tout, tout de suite». On répare ou on récupère en seconde main au lieu de (r)acheter. Que veut dire « commerces de première nécessité » pour une ville ? Ceux qui distribuent les denrées vitales ? Ceux qui créent de la vie et des emplois de « proximité » ?
#ConsommationResponsable
C COMME CARENCE
Le #restezchezvous et autres incitations à se conduire en confinés raisonnables sonnent douloureusement pour ceux qui n’ont pas de domicile, ou qui sont mal logés. Comment mobiliser les bénévoles, et gérer les maraudes, les associations et autres centres d’hébergement en temps de «distanciation sociale» ? Comment protéger celles et ceux dont le foyer est un/en danger? Plus que jamais la prise en charge par les villes des exclus et l’espace mis à leur disposition posent question.
#Care
C COMME COMMUNAUTÉ
Considérer son voisinage comme un tissu coopératif de savoir-faire, de besoins et de bons plans complémentaires a été la révélation du confinement. La ville n’a-t-elle pas pour rôle de faciliter ces initiatives de partage en identifiant les lieux qui les rendent possibles et visibles et en créant des outils collaboratifs à mettre à disposition de la population ?
#Coopération
POUR CONCLURE
D comme Demain. D comme Déconfinement.
Et si le challenge pour la ville était de garder le meilleur du confinement tout en allant à la reconquête de la liberté, de la créativité et de la sociabilité qu’elle y a laissées.