À l’école des conflits d’usages
«De base moi je voulais des cages de foot et un ballon de foot mais comme par hasard y a rien, y a que … je ne sais pas comment ça s’appelle…. des copeaux. Et après y a de la terre, et après y a rien » : c’est ce qu’expliquait un jeune écolier de la Sauvagère dans le 9e arrondissement de Lyon à son maire Grégory Doucet, qui était pour sa part quelques secondes auparavant très fier de présenter le résultat de la concertation menée avec les enfants par l’association d’éducation populaire Robins des Villes, spécialiste de la question depuis de nombreuses années.
Ces quelques mots, qui ont laissé le premier édile de Lyon bouche bée (derrière son masque), et qui a été vue plus de 2 millions de fois sur Twitter, résument bien les conflits d’usage qui surviennent chaque jour et auxquels les spécialistes de la fabrique urbaine doivent répondre. On a affaire ici plus spécifiquement à un conflit d’usages lié au genre, que la géographe Edith Maruéjouls a contribué à mettre en lumière et à l’agenda des municipalités ces dernières années : alors que quelques garçons privatisent 80% de la cour, et notamment son centre, les filles se retrouvent pour la plupart reléguées en périphérie de celle-ci. D’autant plus reléguées que ces marges sont souvent morcelées et non continues alors que l’espace des garçons est bien plus unifiée puisque destinée aux jeux de ballons, et avant tout au football.
Cette occupation genrée de l’espace ne se limite évidemment pas au cadre scolaire, et il a été montré que ¾ “des budgets publics destinés à promouvoir ou encourager les pratiques sportives reviennent aux hommes”, ce qu’on peut observer directement dans l’espace public avec des espaces sportifs (parcs de street workout, city stades, skateparks etc.) dominés par la présence d’hommes. Le réaménagement de la cour d’école de la Sauvagère, et plus généralement de toutes celles de Lyon s’inscrit ainsi dans une réflexion plus générale des rapports de genre à l’échelle de la ville, et dans des actions plus larges comme celle du budget sensible au genre.
Des laboratoires de la citoyenneté urbaine
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