Confiné et pourtant libéré. Un sentiment de liberté se fait sentir peu à peu en moi. Libéré d’une pression sociale et urbaine qui m’obligeait, dans un certain sens, à me maintenir dans un cadre temporel restreint. Et c’est ce même rapport au temps qui est aujourd’hui en question. Le temps, élément si précieux aux urbains.
Se caler sur les horaires du RER, du supermarché, du travail, des lieux culturels. Finalement tout dans la pratique de la ville me parait être restriction de temps, planification. Et finalement aujourd’hui, libéré des barrières temporelles, je reprends peu à peu conscience de mon environnement. Comme si, en temps “normal”, à mesure que je me focalisais sur l’horloge de mon téléphone, mon environnement urbain, lui, passait peu à peu au second plan.
J’ai pour grande habitude, et aujourd’hui plus que jamais, d’utiliser mon balcon comme observatoire de vie urbaine. C’est assis au 5ème étage d’un immeuble du 18e arrondissement que j’aime à regarder évoluer les commerçants, les riverains (et bougonner contre les conducteurs trop bruyants). Et aujourd’hui, ce temps est modifié. Fini le brouhaha des klaxons les jours de marché. La vie intime et sonore des appartements parisiens s’exporte désormais dans la rue : le doux fracas des assiettes à l’heure du diner, les odeurs alléchantes de la merguez grillée au déjeuner. Les conversations “inter-voisins” de balcon à balcon sont désormais choses communes.
Et c’est en appréciant ces instants de vies urbaines que ce rapport au temps me parait changé. Au cours de la journée, la ville nous montre des visages bien différents. Y compris lorsque nous sommes contraints à nous déplacer dans 20m2. Il suffit simplement de reprendre possession de notre temps. Et c’est avec ces quelques clichés pris depuis mon perchoir, au fil de la journée, que les différents visages de mon environnement urbain sont les plus flagrants. L’architecture des immeubles m’entourant semble, plus que jamais s’adapter, évoluer au fil des nuages et des nuances de couleurs du ciel parisien.