Dans un débat avec Richard Scoffier, à l’école d’Architecture de Versailles, le mois dernier, nous avons rebondi sur la provocation délirante de Rem Koolhaas, à la dernière biennale d’Architecture de Venise : « l’immeuble est une personne ». Notre ami Richard s’était pris à rêver sur les droits des animaux si chers à Brigitte Bardot et Michel Onfray, me demandant de plaider pour une déclaration universelle des droits du Bâtiment. Ça ne fait pas de mal, même si nous connaissons le sort réservé à ces Conventions, Constitutions ou autres Chartes qui réjouissent les nantis pendant que le mal qu’ils alimentent prive hommes, femmes et enfants de nourriture et d’habitat.
Toute déclaration du Bien n’est-elle pas le masque du Mal ? Le principe d’espérance, qui anime, avec Ernest Bloch, tout utopiste, doit nous porter à agir contre les différentes manifestations du mal à notre porte et aux portes du Tout-Monde d’Edouard Glissant, poète de la pensée créole.
Il nous faut dénoncer le Mal et, en matière d’urbain, la tâche est immense.
Question : Est-ce faire le mal que de résister à la destruction d’immeubles qui pourraient être réhabilités ? C’est le combat de Paul Chemetov convaincu que les 84 logements sociaux qu’il a conçus et qui ont déjà été réhabilités il y a 5 ans ne devaient pas être détruits.
Est-ce faire le mal que de dénoncer le massacre culturel de notre patrimoine architectural et urbain ? C’est le combat de Lucie Vasconi pour tenter d’échapper à la destruction programmée de ce bâtiment mythique où frémissent les ombres des travailleurs de la Régie Renault. C’est celui du fils Kalisz pour que l’école de Nanterre soit sauvée de la mémoire d’une époque historique significative de notre culture.
L’arsenal juridique français est aussi riche que celui de nos armes que nous envient les princes du massacre.
Il suffirait que les politiques le veuillent. Ce n’est pas qu’ils veuillent faire le mal, c’est qu’ils n’ont pas les moyens économiques, financiers, … mais surtout le courage de faire le bien.