Petit rappel historique de l’urbanisation indienne
La morphologie actuelle des villes indiennes a grandement été influencée par deux épisodes historiques qui ont marqué leur mutation urbaine : la colonisation britannique et l’entrée du pays dans la mondialisation. Bien que les premiers réseaux de villes, fondés par les civilisations aryenne et dravidienne, datent d’environ 600 av. J-C, c’est bien la phase d’urbanisation liée à la période coloniale britannique, puis les dynamiques industrielles et commerciales engendrées par le processus de mondialisation, qui ont durablement modifié la structure des villes en Inde, mais aussi permis de développer leur résilience urbaine.
Aujourd’hui le pays est structuré par une grande diversité de formes urbaines, de situations géographiques et économiques, mais aussi une vraie diversité culturelle et politique. Entre ruralité et urbanité, les territoires indiens sont autant composés de cœurs urbains historiques et de ruelles étroites comme le quartier du vieux Delhi, que de bidonvilles extrêmement denses ainsi que de nouveaux centres d’affaires à l’architecture moderne et verticale comme celui de Mumbai. Le pays représente également un vaste territoire d’expérimentation urbaine, au sein duquel des villes nouvelles comme Chandigarh, planifiée par Le Corbusier, ou encore Auroville, cité utopique fondée par Mirra Alfassa, ont pu émerger.
Cité utopique Auroville, Inde – Photo Matthew T Rader via Unsplash
L’Inde est actuellement le deuxième pays le plus peuplé du monde et ses trois plus grandes métropoles (Mumbai, Delhi et Kolkata) recensent plus de 10 millions d’habitants. De récentes statistiques préconisent que l’Inde pourrait compter 68 villes de plus d’un million d’habitants en 2030 et 800 millions de citadins en 2050. L’enjeu urbain dû à la croissance démographique nationale, l’organisation spatiale d’aujourd’hui, mais surtout celle de demain et la transition durable du pays représentent de ce fait des défis de taille.
L’investissement de l’espace public en Inde
La spatialité indienne est particulièrement intéressante dans la conception et la notion même de l’espace public. De nombreux spécialistes, géographes, urbanistes, sociologues, architectes ont étudié ce sujet afin de mieux comprendre l’aménagement urbain de ce vaste territoire. Le lexique pour qualifier l’espace public indien et plus particulièrement la rue, est varié : “tourbillon de couleurs, d’odeurs, d’agitation, de bruit et de poussière” pour l’architecte Lise Tourneboeuf, “une brutalité en chaîne” pour le géographe Jacques Lévy, “urbanisation subalterne” pour la directrice de recherche Marie-Hélène Zerah.
Les rues indiennes, leur morphologie, leur fonction et leur usage, sont en effet bien différentes de ce que nous connaissons en France et se rapprochent finalement aujourd’hui, à une certaine échelle, de la nouvelle appropriation post-confinement de l’espace public français.
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Photo de couverture Charl Folscher via Unsplash