A deux heures à peine de la capitale chilienne dont les gratte-ciels lui donnent un style de métropole américaine, Valparaiso contraste. Et moi aussi, je contraste.

Parmi toutes ces chiliennes, petites brunes bien en chair, la Kate Moss que je suis, grande, blonde, élancée, attire l’attention. Du moins c’est ce que j’aurais voulu. Non, la petite brune aux cheveux frisés se fond pitoyablement dans la masse chilienne. Enfin, pas tant que ça, mais pas pour les bonnes raisons. Guide à la main, regard perdu, front dégoulinant de sueur, Valparaiso tiens-toi prêt, la touriste arrive !

A peine arrivée, les couleurs des maisons, au loin dans les hauteurs, me sautent aux yeux. Ca donne envie de peindre, ou de colorier. Bref, de se la jouer faussement artiste, ou faussement bobo, la barbe en moins.

En bas, la petite ville n’a rien d’extraordinaire, et ressemble à celles qu’on peut trouver au Chili ou en Argentine. Des rues perpendiculaires, des gens qui boivent du mate, encore du mate, toujours du mate. Des magasins de tasses à mate aussi. Des gens qui mangent des empanadas garnis bien souvent de fromage plastique insipide – minute française râleuse oblige. Des chiens errants aussi, qui ne font sursauter que moi. Ces rues, ces odeurs, ces gens sont l’âme de la ville. Les chiens, non, ils me font juste peur.

Un litre d’eau et une petite empanada (trois) plus tard, je marche fière et décidée (paumée et prête à raler) vers l’horizon coloré. Très pressée de le voir de plus près, l’idée d’atteindre les hauteurs à pieds me traverse l’esprit quelques microsecondes avant d’être chassée par mon naturel fainéant. Je rejoins donc le funiculaire, caché au fond d’une ruelle, parmi des rues désertes qui font penser au New York des années 30 (version cultivée) ou au New York de Annie, la comédie musicale (version moi).

La porte du funiculaire s’ouvre sur un petit Montmartre haut en couleurs, touristique mais agréable. Les petites maisons colorées sont alignées dans une multitude de ruelles montantes. Le charme fait son effet. Y’a pas à dire, l’équipe de l’UNESCO a bien fait son boulot en intégrant Valparaiso à son patrimoine mondial. Je passe devant des boutiques branchées, des petits restaurants typiques et beaucoup, beaucoup d’ateliers d’artistes. On trouve absolument de tout dans ce Paraiso (Paradis pour les monoglottes) de l’inspiration : peintures, dessins, photos, bijoux… et œuvres de street art. La ville a réussi l’exploit de garder son authenticité colorée tout en y rajoutant des touches d’art urbain. On y voit des dessins, portraits et paysages sur les murs d’immeubles, les devantures de magasins, les escaliers, et même les petits compteurs d’électricité. Des œuvres qui donnent la pêche, ou de l’espoir ou du courage, qui transmettent des messages ou dénoncent des problèmes. Mais qui ne dénaturent absolument pas la ville, bien au contraire !

Soufflée par ce spectacle, j’entame mon retour (descendant, alléluia). En bas, sur la place principale, je vois une foule. Je me retrouve en quelques secondes entourée de trois tambours et une trompette qui me déchirent les tympans. Devant moi, des jeunes filles en maillot à paillette et des vieilles dames en robe de mariée dansent la samba. Tout autour, les gens (jeunes et vieux, maigres et gros, riches et pauvres) dansent ensemble. Je suis scotchée, la scène est complètement surréaliste. Les filles s’approchent de moi en trémoussant leurs hanches. Elles sont grandes, ont de longues jambes, un visage… masculin. Ah, des poils sur le torse. Je suis bien en train d’assister à la Gay Pride de Valparaiso, ville profondément avant-gardiste dans un pays pourtant très chrétien et conservateur.

C’est donc ça le secret de Valparaiso ? Concilier une culture locale bien ancrée et une modernité des mœurs bien urbaine.

Prenons-en de la graine.

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