L’effet Bilbao, un mirage ?
L’effet Bilbao, une expression qui fait rêver de nombreuses collectivités du monde entier. Revitaliser un territoire avec la construction d’un bâtiment culturel phare, cela a de quoi en motiver plus d’un. Derrière cette expression, se cache la réalité d’une reconversion réussie d’une ville portuaire espagnole. En effet, en 1997, sort de terre l’une des pièces architecturales les plus marquantes de ces dernières décennies : le musée Guggenheim de Bilbao. L’œuvre de l’architecte Frank Gehry est venue clôturer une vingtaine d’années de travaux de réaménagement de Bilbao, cette ville côtière espagnole.
Restructuration des voies de circulation, déplacement du port, connexion entre la vieille ville et la côte, les 24 000 m2 de pierre, verre et titane, du musée sont ainsi le point d’orgue de la redynamisation de cette ancienne cité industrielle en déclin. Les résultats sont quasi-instantanés : après son ouverture, le musée devient l’un des établissements culturels les plus reconnus et son architecture l’une des plus appréciées au monde. En 2007, dix années après son inauguration, les résultats sont impressionnants : le Guggenheim attire chaque année environ un million de visiteurs et il a ainsi participé à la création de 45 000 emplois directs ou indirects depuis son ouverture. Autant dire que cette architecture monumentale a profondément participé au renouveau de cette région du Pays Basque espagnol, autant en termes d’attractivité culturelle que pour le renouvellement d’image dont elle a bénéficié grâce à son rayonnement international.
Face à ce succès flagrant, le modèle Bilbao s’est peu à peu dupliqué dans le reste du monde. Symbole de modernité, grâce au travail de starchitectes et de dynamisme grâce à l’accès à la culture dans des territoires en déclin, les logiques françaises d’aménagement du territoire se sont clairement inspirées du modèle. En une dizaine d’années, la France se dote d’équipements culturels majeurs, dessinés par des architectes de renom dans de grandes métropoles (Fondation Louis Vuitton à Boulogne-Billancourt en 2006, Le MUCEM de Marseille en 2013, le musée des Confluences à Lyon en 2014) mais également dans des territoires en perte de dynamisme comme le Centre Georges Pompidou de Metz en 2010 et le Louvre-Lens en 2012. Derrière cet investissement culturel des territoires se cache une idée : celle de créer le Bilbao français. Il semblerait pourtant que les résultats escomptés ne soient pas en rendez-vous, notamment pour la ville de Lens et de Metz. Mais alors pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné ?
Le centre Georges Pompidou de de Metz a été dessiné par l’architecte Kengo Kuma ©️Jean-Pierre Dalbéra via Flickr
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