Le 1% artistique, 1% culturel, 1% décoratif : mais quésaco ?
Il est possible que vous ayez déjà eu vent de son existence ou que vous ayez remarqué quelques œuvres au détour de vos escapades urbaines, sans même soupçonner l’existence du dispositif qui les sous-tend. Pourtant, le 1% artistique a joué un rôle essentiel dans la création et la mise en place de plus de 12 000 œuvres à travers la France. À son instauration en 1951, le dispositif est élaboré dans le but de mettre en avant la création artistique contemporaine en intégrant des œuvres d’art au sein des édifices publics. Cette politique exige ainsi que 1% du coût de construction ou de rénovation de tout édifice public soit consacré à la conception d’œuvres artistiques. À l’origine limitée aux bâtiments rattachés au ministère de l’Éducation nationale, son application a été élargie et s’étend aujourd’hui non seulement aux constructions publiques de l’État, mais aussi à celles des collectivités territoriales. Une mesure qui reflète la volonté politique de rendre l’art accessible à tous et toutes, tout en soutenant la création.
Comment ça se passe ? Le budget alloué au projet artistique est calculé par rapport au montant total des travaux mais sans les taxes et excluant tous les honoraires de l’architecte, des travaux de voirie et de l’équipement en mobilier. Si cette enveloppe est inférieure à 8 000 euros, il est possible d’opter simplement pour l’achat d’une œuvre auprès d’une galerie ou directement auprès d’un ou une artiste. Au-delà de cette somme, la constitution d’un comité de pilotage s’impose, réunissant l’ensemble des parties prenantes du projet, à savoir : la tutelle, l’affectataire du bâtiment, le maître d’œuvre, le conseiller pour les arts plastiques de la direction régionale des Affaires culturelles, et un représentant de la collectivité locale. Ensemble, ils élaborent le cahier des charges de la construction et de l’intervention artistique associée. À savoir également, que si le budget du projet artistique dépasse les 16 000 euros, le projet sera soumis à une commission régionale constituée de membres officiels de “droit” (préfet, recteur, représentant de la commune…) et de personnalités extérieures.
Morvarc’h, la sculpture réalisée par l’artiste breton Jean-Marie Appriou s’est installée sur le parvis de la gare. Une œuvre monumentale financée grâce au dispositif 1% artistique de la ligne b du métro qui permet de rendre l’art contemporain accessible et visible dans la ville !
Concernant le choix des artistes et des œuvres, les membres du comité d’avant-projet peuvent tous suggérer des artistes adaptés à la commande. Néanmoins, le conseiller pour les arts plastiques reste l’acteur clé dans la présentation des artistes et de leurs approches. Le cadre de ces créations reste relativement souple, comme le précise le texte de loi “sans exclusive de discipline artistique”, offrant aux artistes la liberté de poursuivre leur démarche tout en s’inspirant du lieu afin de créer du lien entre l’œuvre et son futur environnement. Mis à part cela, tous les types de médiums sont permis : sculptures, peintures, mobiliers de design, installations lumineuses, sonores ou encore botaniques… Laissons libre cours à la créativité !
Du public au privé : le club 1 immeuble, 1 œuvre
À l’heure où la culture joue un rôle de plus en plus essentiel dans le développement urbain, le dispositif gouvernemental 1% artistique demeure un levier majeur pour soutenir la création artistique contemporaine et enrichir notre quotidien. Alors, dans la poursuite de ces efforts, une nouvelle démarche de la politique ministérielle a vu le jour en 2015 : la charte 1 immeuble, 1 œuvre. Ses objectifs sont identiques à ceux du 1% artistique mais s’appliquent désormais dans le secteur privé. Les 13 membres fondateurs de la charte, des promoteurs immobiliers, se sont ainsi alliés pour inscrire la création artistique au cœur des programmes immobiliers à travers l’hexagone.
Depuis, d’autres entreprises, partageant cette détermination à intégrer l’art dans leur démarche de responsabilité sociétale, ont rallié les rangs de cette initiative. La charte compte désormais 80 signataires parmi lesquels des promoteurs, des sociétés foncières et des bailleurs sociaux qui s’engagent à installer une œuvre dans chacune de leur construction. Sollicitant un artiste vivant, ils commandent ainsi une œuvre originale ou acquièrent une création déjà existante, tout en prenant à leur charge la rémunération de l’artiste ainsi que les coûts liés à sa réalisation et son installation. Ce réseau engagé a déjà permis l’installation de plus de 650 œuvres à travers tout le pays.
En 2019, l’association « Le Club 1 Immeuble, 1 Œuvre » a vu le jour, initiée par des signataires de la charte. Son objectif : mettre en lumière le programme et ses créations à travers des actions de communication. Le club organise donc régulièrement des événements d’art contemporain et met à disposition de ses membres des ressources facilitant la concrétisation de leurs projets artistiques. Tous les deux ans… Lire la suite
Crédit image de couverture ©Fondation Bouygues Immobilier