J’ai découvert les oeuvres de l’artiste dont je vais vous parler lors du Festival des cultures urbaines au Centre Maurice Ravel avec l’exposition « Ecritur’Baines ». J’ai alors eu un gros coup de coeur pour l’une de ses oeuvres (celle que j’ai mis en photo de couverture). L’idée est alors née de faire un portrait de l’artiste. Pour le faire découvrir mais également pour en savoir plus moi-même. Partons donc à sa rencontre.
L’artiste s’appelle ALIAS 2.0. Lorsqu’il a commencé le graffiti (autorisé) et à faire des toiles, il y a environ 5 ans, il a pris comme pseudo ALIAS car cela voulait dire « s’exprimer d’une autre façon ». Mais il a découvert qu’un artiste allemand utilisait déjà ce pseudo et s’est dit qu’il devait donc en changer pour se dissocier. A la même époque il commençait à découvrir le light-painting. Cette pratique est nouvelle dans l’art (même si la technique en elle-même est ancienne). Il a donc ajouté le 2.0 pour devenir ALIAS 2.0, une version « futuriste » alliant graffiti et light-painting.
ALIAS 2.0 a découvert le graffiti dans les magazines et dans la rue. Mais c’est lors d’un atelier graffiti au lycée, quand il avait 17 ans, qu’il se passe vraiment quelque chose. Le déclic qui va l’amener à peindre d’abord en vandal dans la rue et à créer dans des friches et des lieux abandonnés.
Il aime l’art de la rue car c’est pour lui un art public, libre, expressif… et tellement riche. Là les artistes « crachent leurs tripes », ils expriment leurs émotions sans retenue. Grâce à leurs oeuvres ils font vivre les murs et nos villes, nous permettant de nous évader et parfois même de nous émerveiller. Pour ALIAS 2.0 s’exprimer dans la rue est « la façon la plus pure » de se montrer, de ne pas être contraint à quoi que ce soit ». Il n’attend rien en retour. Il est pas question d’argent ou de notoriété mais simplement de liberté. Et ça, ça n’a pas de prix. La seule chose qui anime les graffeurs est l’amour de la création et du partage. Il a cette sensibilité propre à de nombreux artistes avec un profond besoin d’amour. L’art et la créativité l’aident beaucoup en lui offrant un peu de cet amour.
Créer dans la rue c’est aussi faire des rencontres. Il voit la réaction des gens au moment même où il réalise son oeuvre. Leur regard et leurs expressions lui renvoient tellement de choses, plus particulièrement encore lorsqu’il peint dans la rue au cours de ses voyages. L’artiste n’est plus un simple touriste. Il est avant tout une personne qui est venue leur offrir son « monde » et sa vision. Ils sont souvent intrigués et parfois touchés par ce cadeau qui leur est fait. C’est une relation très intime dans laquelle l’artiste et le « spectateur » se transmettent énormément d’émotions. Et là c’est « juste merveilleux ! ». Quand il fait du light-painting c’est encore plus incroyable. Les gens regardent ça en se demandant ce qu’il est entrain de faire à gesticuler comme un fou avec de la lumière à la main. Mais une fois q’ils voient le résultat sur l’écran de l’appareil photo ils sont émerveillés. On lui a même parfois demandé s’il était magicien.
L’art urbain prend vie au moment où le graffeur réalise son oeuvre dans la rue. Le lieu choisi est donc important. Les artistes recherchent donc les endroits les plus beaux, les plus expressifs. « Le paysage devient la toile de l’artiste, une toile de vie, en mouvement. Nous créons avec ce qui nous est offert, avec la beauté du monde, si ça n’est pas le bonheur ?… ».
L’artiste doit alors s’adapter à son support. Un détail sur un mur peut complètement changer une oeuvre et l’amener à travailler autrement que ce qu’il avait prévu au départ. Il joue avec le cadre autour du mur, les couleurs et les formes.
La rue est pour lui LA place de l’’art. C’est un espace libre, accessible à tous et qui permet aux artistes de s’évader.
Dans ses oeuvres, ALIAS 2.0 travaille à la fois la peinture et le light-painting (peinture de lumière). Il les fusionne petit à petit, « ouvrant ainsi une nouvelle porte à l’art urbain ». Il appelle son art du calli’graffiti car il s’inspire des calligraphies du monde entier et du graffiti. Les jeux de couleurs et le mouvement prennent alors beaucoup d’importance.
Il aime mélanger les univers entre eux. D’une part, la calligraphie qu’il faut réaliser avec soin et précision avec un côté un peu vaporeux et spatial visant à rappeler l’univers et le cosmos (l’artiste reconnait être fasciné par le cosmos !). Et d’autre part, le graff avec des matières abstraites, organiques, liquides, anguleuses qui offrent du relief et du contraste.
Il travaille actuellement l’alliance du ligth-painting à la peinture murale car c’est pour lui une manière de faire vivre la peinture, une forme différente de graffiti. Il se lance donc un nouveau défi à travers un très beau projet : il souhaite partir aux Philippines pendant 10 mois (à partir d’octobre 2015) pour réaliser un livre de photos et une vidéo sur la vie locale, ses peintures murales et light-painting. L’idée est de nous emmener à la découverte d’un pays en passant par un reportage photo et video innovant, en lien avec l’environnement et son imaginaire artistique.
Sur place, il souhaite créer des ateliers peintures et light-painting avec les enfants des quartiers où il interviendra et développer des collaborations avec les artistes locaux. Collaboration qui aboutirait à une exposition internationale traitant des différents aspects du pays : artistique, politique, environnemental, écologique. Pour réaliser ce projet, il a besoin de financements. C’est pourquoi il a lancé son projet sur le site de financement participatif Ulule. Si vous voulez l’aider n’hésitez pas car c’est un très beau projet. Ca se passe ici : Tag’alo project Allez hop, un p’tit clic pour lui, pour l’Art.
Pour conclure, je laisse la parole à l’artiste : « Mes peintures sont des espèces de vortex, de monde où l’abstrait défie le concret et nous plonge dans la rêverie et le lâcher-prise ! J’essaie d’offrir une évasion, une échappatoire, le temps d’une rencontre ! »
Voici quelques images pour découvrir son travail.