Une artiste en quête d’identité
Le pseudo choisi par cette jeune artiste a une histoire. Il est le mélange de « Lily » qui est le surnom qui lui était donné par une de ses meilleures amies d’enfance et de « Luciole » qui est l’appellation qu’elle s’est attribuée lors de sa descente dans les catacombes en souvenir de sa vie en Afrique.
Au Gabon, lorsque j’étais plus jeune, je rêvais d’avoir une luciole en figurine qui puisse briller la nuit. Je me suis appropriée ce qualificatif car il me transporte à la lumière qui prédomine l’aspect créatif de mon travail.
Mélange semble être le terme qui définit Lilyluciole. Née au Gabon d’une mère franco-polonaise et d’un père gabonais, elle y a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans avant de venir vivre en France. Puis de voyager dans de nombreux pays. Ces cinq dernières années elle a fait de nombreux aller-retour entre Paris et Montréal, un peu comme si elle cherchait sa place. Aujourd’hui elle vit à Paris pour une durée indéterminée…
Dans l’art aussi, Lilyluciole se cherche. Après des études artistiques, elle se lance dans la photo argentique avant d’étudier l’architecture et les arts visuels. Mais au bout de ce parcours, elle n’arrivait toujours pas à donner un sens à sa vie. Elle avait beaucoup d’interrogations sur l’art, par quel moyen elle pourrait s’exprimer, quel était son sens ?… La découverte du streetart va tout changer !
Quand le street art est une évidence
En 2011, alors qu’elle traverse une période de questionnements existentiels (elle vivait alors un départ pour le Canada, une opération due à une blessure), elle découvre sur les murs de son quartier, le travail d’Artof Popof et de Da Cruz. Ca a été comme une lumière, une évidence ! Elle a rencontré les artistes qui lui ont donné envie de suivre son propre chemin.
Elle a beaucoup d’affection pour l’espace urbain car c’est lui qui lui a permis d’avoir un nom et d’être reconnue en tant qu’artiste.
Je lui dois ma capacité à me réaliser selon ma mission de vie et ainsi la liberté.
C’est surtout à Montréal qu’elle a expérimenté ce qu’elle appelle « l’affranchissement » en prenant des risques au travers du street art. Contrairement à Paris où la pratique du street art n’est pas vraiment un danger, là-bas elle pouvait se faire expulser du pays si elle se faisait prendre.
Pour Lilyluciole l’art urbain est un « outil » qui lui permet de rendre visible son message dans lequel elle met ses centres d’intérêt, ses obsessions et ses couleurs. Quand elle a commencé, elle trouvait qu’il manquait une touche féminine dans ce monde principalement masculin. Elle a voulu y apporter e la lumière, des couleurs, des visages et des corps. Pour elle, le street art est un « art du quotidien qui engage de l’amour : celui qu’on donne et celui qu’on reçoit ». C’est un art qui permet d’aller à la rencontre de l’Autre.
Des portraits de femmes pour créer un dialogue
Le métissage de ses origines et ses nombreux voyages sont au cœur de ses inspirations. Elle puise dans la vie en général et dans son chemin de vie personnel pour créer, imaginer et raconter ses histoires. Les rencontres faites au cours de ses voyages lui ont permis de se développer mais aussi de réfléchir et de se questionner sur son travail. Elle veut aller au delà de la technique car elle-même, ce qui l’intéresse dans une œuvre c’est l’authenticité, la vérité de l’artiste. Elle aime qu’une œuvre la dérange, voire même qu’elle la mette mal à l’aise car elle va questionner sa part d’ombre.
Depuis ses débuts, elle est principalement inspirée par les femmes africaines et asiatiques et les enfants dont elle fait le portrait. Elle veut les sublimer à travers la couleur, la lumière, les formes végétales et organiques. Son objectif : rendre visible des physiques encore peu représenté dans une société qui valorise principalement la beauté de type caucasienne. A travers ses œuvres elle souhaite créer un dialogue avec l’Autre et l’amener à se questionner sur lui-mêmes, ses racines, ses origines et ses identités.
La photographie au cœur de son travail
L’image photographique est indispensable à sa création. Il s’agit d’un élément déclencheur du processus de création. Elle utilise généralement des archives photographiques en noir et blanc ou en couleur qu’elle interprète et « customise ». En perpétuelle recherche de transgression des normes et des codes établis, elle veut expérimenter différents médiateurs et différents supports pour raconter des histoires qui font appel à son propre vécu, à la fragilité du corps, à la maladie, à la guérison, à la perception de la mort et de la sexualité qui peuvent être universels. Elle a donc du mal à se limiter à l’utilisation d’une seule technique. Elle aime en explorer plusieurs de manière à pouvoir communiquer de la façon la plus authentique possible. Elle souhaite aller au-delà de la technique pour accéder à son esthétique propre, celui de Lilyluciole.
Le street art bouleverse beaucoup de codes rigides et c’est tant mieux. Ce que l’art contemporain ne pouvait pas faire le street art l’a fait.
Elle se réapproprie ainsi le travail d’autres artistes et certains vont parler de pillage, d’autres vont se poser la question (à raison) du droit d’auteurs.Mais pour elle, le street art est l’art du subversif et du transgressif donc logiquement les droits d’auteurs ne doivent pas nécessairement s’appliquer à lui.
Lilyluciole en images
Pour donner tout son sens à ce portrait voici maintenant quelques photos de ses oeuvres. Vous pouvez également retrouver l’ensemble de son travail sur son site.