Nouveau portrait, nouveau « visage » de l’art urbain. Cette fois, je vais vous présenter une artiste à l’univers très particulier. Elle s’appelle Nadège Dauvergne et pratique le « Pop art classique » (oui oui c’est elle qui le dit ! ). J’espère que, tout comme moi, vous aurez un coup de coeur pour les oeuvres de cette jeune femme.
Illusion d’optique et double-sens
Pour Nadège Dauvergne pas de pseudo. Elle n’a même jamais pensé à en prendre un. Peut-être parce que le dessin fait partie de sa vie depuis toujours. Au fil de ses études (lycée d’arts graphiques puis les Beaux-Arts) elle a découvert la nature morte et la peinture classique mais aussi la publicité. Ce parcours explique son travail dans lequel elle mêle ses connaissances de deux univers qui semblent, à priori, tellement opposés. C’est pourquoi elle parle de son travail comme étant du « pop art classique », un mélange entre le pop art par son détournement de la publicité et les figures classiques du 19e siècle.
En 2009, elle commence par peindre et dessiner son quotidien. Puis, en 2010, elle trouve sa voie (voix ? ) : sur les pages en papier glacé des magazines, Nadège Dauvergne dessine des femmes aux marqueurs Posca. Elle choisit souvent des figures de la peinture classique du 19e siècle. Ce sont des jeunes filles, un peu nymphes, un peu déesses, un peu magiciennes. Elles symbolisent l’amour et les passions de l’âme. Ces choix vont vers des femmes qui inspirent presque toutes à la beauté et à une certaine douceur. Elle crée ainsi un contraste avec les fonds intrusifs des publicités ou sur des murs tagués. C’est un peu comme une plage de douceur ou de silence dans le magma visuel du milieu urbain. C’est pour elle une sorte de « jeu visuel flirtant avec l’illusion d’optique et le double sens ».
« Dans mon travail je crée des rencontres improbables, je relie des images n’ayant pas de lien entre elles à priori et me laisse surprendre du résultat obtenu ».
Pop art classique et streetart
Nadège a toujours été attirée par le graffiti. Etudiante, elle aimait arpenter des lieux désaffectés. Mais elle ne s’est jamais vu faire des lettrages. Elle a donc laissé cette forme d’art de côté. Jusqu’en 2013… L’art urbain s’est diversifié. Il va, aujourd’hui, au-delà du graffiti. Elle a fini par y trouver sa place en passant par les panneaux publicitaires.
Après les petits formats des pages de magazines, elle se lance sur des panneaux 4×3 sur lesquels elle colle de grandes figures de la peinture classique. Cette démarche n’est en fait que le prolongement de ce qu’elle faisait sur petits formats. Pour cela elle a dû développer une autre technique que les marqueurs et elle est passée à la bombe aérosol et à l’acrylique sur du papier kraft. Elle allait ensuite poser ses figures sur les panneaux avec de la colle à papier peint.
Après ce premier pas « dans la rue », elle a eu envie d’intégrer ses collages dans d’autres environnements, comme une porte bien taguée ou un lieu dégradé. Coller sur un fond neutre (comme un mur bien propre) ne l’intéresse pas. ce qu’elle recherche c’est un espace qui a déjà vécu. Le « top » pour elle étant une surface « parsemée de mots ou de chiffres, afin de les associer comme des éléments graphiques ».
La confrontation avec la rue
Nadège Dauvergne vit à la campagne, dans un lieu isolé. Elle a toujours aimé cet endroit qui ressemble un peu à une retraite. Pour elle aller dans la rue ressemble à une épreuve car c’est le lieu de la confrontation, un moment où elle retourne vers la vie sociale. C’est pour elle un moment fort et qui souvent l’impressionne. En particulier parce qu’elle est très sensible aux images de la rue, qu’elles soient publicitaires ou appartenant à l’art urbain. Elle a « compris que la rue est un lieu puissant de communication ».
Malgré « l’épreuve » que peuvent représenter les collages dans la rue, c’est un endroit où elle se sent bien car c’est pour elle l’occasion de créer un échange avec les autres, de manière rapide, libre et intense. Elle a parfaitement conscience de l’aspect éphémère de cet art. Il fait même partie intégrante de l’art de rue. Elle sait que ses collages sont fragiles, qu’ils vont subir des intempéries, être arrachés ou recouverts. Alors, une fois posés, elle ne s’en occupe plus. Elle les offre au public de la rue qui devient alors une galerie à ciel ouvert.
Son travail en images
Vous pouvez retrouver l’ensemble de son travail sur son site Nadège Dauvergne afin de faire plus ample connaissance avec elle.
Je vous invite également à la retrouver lors d’expositions au Cabinet d’amateur : A vous de jouer ! ou encore Avec Nadège Dauvergne au Cabinet d’amateur Tout doit (va) disparaître.