A L’ECOLE DU 9e CONCEPT
Pendant quelques temps, Théo Lopez a signé ses œuvres TO. Aujourd’hui il reprend son prénom et nom. Celui-ci lui vient d’Espagne, d’une famille qui a fui le régime de Franco pour se réfugier dans un autre pays.
Il a grandi en banlieue parisienne où il a passé un bac STI arts appliqués. C’est à cette occasion qu’il a fait ses premières expériences en arts urbains et virées nocturnes avec des copains. Puis il a enchainé avec un BTS de communication visuelle. C’est à ce moment-là, en 2008, qu’il a entendu parler du collectif 9ème Concept. Ca a été pour lui une véritable révélation ! A l’époque ils intervenaient tous les week-ends dans un bar sur les Champs-Elysées appelé Culture Bière. Il a décidé d’y aller tous les week-ends et de suivre leur travail. Lorsqu’ils lui demandent de leur montrer ses travaux il n’avait que quelques carnets et croquis. Mais cela ne l’a pas découragé…
Deux mois et des centaines de croquis plus tard, alors qu’il n’a que 18 ans, il se retrouve embarqué sur les tournées Despérados à tatouer des gens dans des boites de nuits de toutes la France. Il a passé 7 ans à parcourir les autoroutes de France. Il a découvert des villes ou villages improbables avec des musiciens, danseurs, comédiens, et autres artistes de tous horizons. Cette époque a été pour lui très enrichissante, tant humainement qu’artistiquement.
DU TATOUAGE AU MUR
Le parcours de Théo Lopez est un peu particulier car ses premières interventions artistiques se sont faites sur la peau des gens. Pas de l’art urbain à proprement parler…
Mon rapport à l’art urbain était d’abord plus centré sur les gens, une grande quantité de personne vivants les uns à côtés des autres dans de grandes villes grises et froides.
Puis il est venu à la rue. Commençant à s’intéresser à la peinture et aillant de plus en plus besoin de travailler en grand, c’est tout naturellement qu’il est allé vers l’art urbain. Un art social et monumental permettant de réinterpréter l’architecture du monde qui nous entoure.
Le mur est devenu pour lui un moyen de toucher, de communiquer et de rassembler des gens autour d’une intervention artistique. Peindre un mur dans une rue n’est pas anodin. Une œuvre provoque forcément quelque chose chez la personne qui la regarde. Positif ou négatif, ce sentiment intervient dans la vie quotidienne de tous ces gens qui passent devant.
L’ABSTRACTION, UNE PEINTURE MENTALE ET MANUELLE
Actuellement, son travail en peinture murale ou en atelier est un travail de recherche. Chacune de ses peintures le pousse dans ses retranchements. Il teste, expérimente, rate, recouvre… C’est seulement lorsqu’il sent la peinture habitée par une « forme de vie » qu’il la considère comme aboutie.
Aujourd’hui, Théo Lopez consacre son travail de recherche sur l’abstraction car il aime l’idée de représenter des choses « non palpables ». Sa peinture est à la fois mentale et manuelle car il adore travailler la matière. L’abstraction permet une infinité d’interprétations de l’œuvre par les gens qui la regardent. Il lance des pistes, mélange des bribes d’idées les unes avec les autres et après, chacun peut se raconter son histoire à travers son propre vécu, ses affinités et son imagination.
Je n’ai pas de message précis mais surtout une envie de produire une peinture libre de toutes images concrètes qui peut créer une résonance intérieure chez le spectateur.
Parmi les artistes qui l’ont inspiré il y a les expressionnistes allemands des années 20-30 tels que Kandinsky. Mais aussi les Constructivistes ou les Musicalistes comme Henry Valensi. Des artistes urbains d’aujourd’hui l’inspirent également. Des « graffuturistes » comme Poesia, Erosie, Rys 78, Remi Rough ou Clemens Behr et un artiste dont il apprécie particulièrement le travail, Robert Hardgrave. Et bien sur, sa toute première influence : l’art tribal.
UNE MULTITUDE DE TECHNIQUES ET DE LA CURIOSITE
Les techniques de prédilections de Théo Lopez sont l’acrylique et l’aérosol. Mais pas que… Il utilise beaucoup d’outils différents pour décliner leurs effets comme le rouleau, le pinceau, les spatules et raclettes. De temps de temps il se fabrique même ses propres outils un peu « farfelus » pour des effets particuliers.
En général, il commence par peindre un premier fond abstrait intuitif avec des rouleaux. Puis il dépose du scotch sur cette matière et retravaille un fond par dessus (ce qui révèle l’ancien fond caché sous les scotchs). Puis il recommence cette opération jusqu’à ce qu’un mélange de matière et de plans s’harmonise. Alors il « découpe » dedans à la bombe ou au pinceau.
A l’occasion de la résidence « Les mondes souterrains » organisée par Artistik Rézo et l’Ecole 42, il a réalisé une installation collaborative avec Arthur Lapierre, artiste numérique. L’art numérique l’intéresse de plus en plus et cette collaboration avec Arthur Lapierre lui tient particulièrement à coeur ! Affaire à suivre… et en attendant une courte vidéo pour découvrir leur travail.