En 1925, Le Corbusier présentait au salon des arts décoratifs “Le Plan voisin”, un projet fou visant à raser la rive droite de Paris pour y construire un nouveau quartier composé de 18 gratte-ciel de 60 étages dans le but d’accueillir 700 000 nouveaux résidents. Le projet fut avorté, mais reste révélateur : à l’heure de la modernité, le symbole de la tour est omniprésent. Presque un siècle plus tard, la folie des hauteurs n’a pas encore conquis la France, ni l’Europe. Pourtant certaines villes et continents semblent en avoir fait leur modèle de construction. La verticalisation des villes connaît en effet depuis une dizaine d’années une explosion incroyable : on compte désormais 1 478 tours de plus de 200 mètres dans le monde, soit une hausse de 141% par rapport à 2010 lorsqu’il en était dénombré 614.
Avec ses 1 405 gratte-ciel, Hong Kong est la ville la plus verticale au monde. ©Unsplash
La course effrénée pour les villes du monde entier à qui aura le plus grand nombre de tours (de plus de 100 mètres de haut) est lancée. À ce petit jeu, Hong Kong est en tête de liste et distance de loin ses concurrentes avec 1 405 gratte-ciel recensés, suivi de New-York (795), Tokyo (526), Singapour (520) et Shenzhen (401). La ville de Paris n’apparaît pas, quant à elle, dans le Top 100.
Cette conquête du ciel implique une transformation morphologique des villes, tout comme une modification des modes de vie urbains. Les imaginaires liés aux tours, entre domination sociale et prouesses technologiques, divisent et interrogent habitants et concepteurs. Mais qui vit et comment vit-on dans ces gigantesques architectures ? Quels sont les impacts sur les relations sociales, la qualité de vie et la vie de quartier ? Alors que le modèle de la tour semble être choisi pour l’avenir de l’aménagement des villes, ce dernier répond-il aux attentes et besoins humains ?
Vivre dans une tour, une conception culturellement différenciée ?
C’est aux États-unis que les premiers gratte-ciel naissent. Suite au grand incendie de Chicago en 1871 (qui a détruit près de deux tiers de la ville), les autorités privilégient une nouvelle approche de reconstruction dans le but de réduire les coûts liés à l’augmentation du prix des terrains, et de diminuer le risque de feu lié à l’utilisation du bois, en favorisant alors des constructions en acier. La maîtrise des ossatures en acier et l’invention des ascenseurs mécaniques permettent désormais de construire plus haut. New-York connaît aussi au cours du XIXème siècle un grand mouvement de construction de gratte-ciel. Devenu aujourd’hui un véritable modèle d’urbanisation nord-américain, les gratte-ciel font partie du paysage urbain et y résider fait complètement parti des habitudes locales.
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Image de couverture : Vue d’une tour à Chicago ©Unsplash