Il n’est pas besoin de fréquenter les galeries d’art pour avoir une seule et unique approche de la création artistique contemporaine. L’art est partout dans la rue, au plus près de notre quotidien d’homme urbain.
L’art des villes est l’histoire de nos civilisations, de nos découvertes techniques. Il raconte notre histoire à travers les signes visuels qui nous entourent tous les jours: mobilier urbain, différents styles d’habitat, anciens ou modernes, sont la résultante de nos évolutions de pensée, de notre adaptation au monde, de notre faculté à créer.
L’architecture, l’urbanisme, le design éduquent notre perception en créant un paysage que nous nous approprions. Comment ne pas voir certaines œuvres d’art architecturales comme de véritables chefs-d’œuvre, et d’autres comme plus mineures ? L’urbanisme est un laboratoire à ciel ouvert, il crée cette organisation de l’espace qui nous lie à l’histoire industrielle, mais également à l’histoire artistique: le design, les formes d’architecture, la mise en rapport des volumes, tout nous vient de telle ou telle inspiration sculpturale et picturale. La « peau » de l’architecture s’inspire aujourd’hui des plus grandes œuvres de peintres contemporains, le bâti défie les lois de l’équilibre par l’empilement savant de masses volumiques, mais toujours en relation avec l’histoire de l’art.
Telle façade aveugle en trompe-l’œil peut faire référence à ces peintres naïfs du passé, telle autre plus moderne à l’existence de mouvements artistiques comme le Bauhaus, source créatrice du siècle dernier. La géométrie est partout et s’affirme comme la résultante de l’abstraction, de reprises d’œuvres d’un Malevitch, d’un Mondrian ou de tel autre maitre de l’art nouveau. Les matériaux changent, la couleur s’affirme et s’étale en dégradés, harmonies et contrastes multiples. Ainsi, le Beau s’introduit dans l’espace de la vie et s’impose comme réflexion édificatrice sans cesse renouvelée. L’œuvre de l’architecte participe de l’introduction de formes d’art dans l’univers populaire en le façonnant de manière esthétique. L’œil du passant évolue ainsi dans ce paysage en perpétuel changement. L’architecture pour quelque chose d’utilitaire, mais quelque chose de beau ! Le terrain de la connaissance artistique pousse les créateurs à inventer, à se surpasser, à mettre enfin du rêve dans l’utilitaire !
Le passant rompu à cette vision nouvelle ressent la force émotionnelle des nouveaux bâtisseurs. Il affine sa perception, un peu comme le photographe s’approprie le champ de l’espace pour en tirer une sorte de dépassement de la réalité, de « substantifique moelle ». La vision photographique crée une architecture de l’œil en allant à l’essence des formes, des lignes, des volumes : elle fait naitre un pouvoir d’imaginaire qui crée une surprise. L’image façonne l’habitant.
L’architecte-urbaniste a pour fonction première de construire, mais aussi d’être l’homme de l’art qui fait rentrer l’esthétique dans la vie en créant normalement ce sentiment palpable de bien-être chez le citoyen.