En effet, l’urbanisme éphémère se manifeste à chaque coin de rue, tout au long de l’année, à différentes échelles. Du Parking Day à la création d’un potager sur la friche de votre quartier, cette forme d’aménagement peut prendre divers visages. Si pendant longtemps elles ont été perçues comme le résultat d’une appropriation sauvage d’un espace privé, allant même jusqu’à parler de “squats” et de “squatteurs”, ces pauses dans la ville fleurissent et sont aujourd’hui encouragées par l’ensemble des acteurs. Comment et pourquoi cette pratique est passée d’illégale à valorisée voire valorisante ?
Au-delà de l’aspect surprenant de certaines démarches, l’urbanisme éphémère interroge sur notre rapport à la ville. Où en sommes-nous de notre conception de l’urbanisme ?
L’urbanisme temporaire comme expression urbaine de notre révolution économique.
L’émergence de notre société de consommation, accompagnée de l’avènement du numérique, a contribué à des changements structurels majeurs. Parmi eux, la tertiarisation de notre économie. Au cours des dernières décennies, nous sommes progressivement entrés dans une économie de services, libérant ainsi les nombreuses usines de production disséminées au sein de notre territoire urbain.
L’expression de ce phénomène dans le paysage urbain est passée par la libération d’une part importante de foncier en cœur de ville. Des friches industrielles à l’abandon d’ateliers, de nombreuses dents creuses plus ou moins grandes se sont constituées en ville. Face à ces espaces laissés en suspens, de nombreux acteurs se sont installés sur ces petits morceaux de terre au coin de la rue. Souvent stratégiques et en cœur de ville, ces pauses urbaines ont permis de développer des projets divers. Dénuées de toute valeur économiques, ces portions de ville sont alors laissées à la libre appropriation des valeurs sociales et culturelles. On voit alors des projets de potager ou de scènes musicales fleurir. Comme par exemple à la Gare Saint Sauveur de Lille, où un espace culturel s’est implanté depuis maintenant huit ans.
Si ces initiatives sont d’abord vues comme précaires voire illégales, elles sont aujourd’hui largement sollicitées. Un paradoxe largement impulsé par un changement de paradigmes dans le domaine de la construction et de l’urbanisme. Aujourd’hui, on construit durable ! Après des années d’étalement urbain au centre duquel était placée la voiture, on pense aujourd’hui “à échelle humaine”. Conséquence : on pense économies d’échelles et proximité. Hors de question de repousser à nouveau nos frontières urbaines. La libération de foncier lié aux friches est donc une aubaine et l’appropriation du moindre mètre carré en ville, une opportunité.
La vacance est une chance !
La ville de demain se construit sur celle d’hier. Une chance quand on sait qu’en 2015 l’Ademe estimait que la France comptait environ 150.000 ha de friches disponibles.
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