Ces dernières semaines, de nombreux maires français ont déclaré être prêts à accueillir des citoyens afghans cherchant à fuir le nouveau régime des Talibans. Un élan d’accueil qui replace les villes dans leur rôle primaire : celui de terres d’asile.
Au-delà des effets d’annonce, comment accueillir ces réfugiés ? Quelles solutions architecturales et urbaines peut-on mettre en place ? Que peut-on apprendre des welcoming cities qui se sont constituées en réseau depuis plusieurs années? Et plus généralement, comment renouer avec la culture ancestrale de l’accueil en ville ?
L’accueil des réfugiés, une affaire urbaine
“Strasbourg, dans sa longue tradition de ville hospitalière, est prête à accueillir les Afghans et Afghanes qui cherchent refuge en France et arriveront sur notre sol”, “À Grenoble, nous nous organisons pour accueillir les réfugiés”, “Il en est de notre devoir d’humain”. Autant de déclarations de maires, respectivement ici de Strasbourg, Grenoble et Saint-Etienne, qui ont annoncé vouloir accueillir des réfugiés afghans fuyant le régime taliban en août dernier. Des déclarations qui dépassent l’histoire de chacune de leur famille politique, mais qui cherchent plutôt à renouer avec une tradition d’accueil des villes. Les suites concrètes de ces annonces ont cependant très vite été interrogées, puisque l’accueil des réfugiés ne dépend pas du bon-vouloir des municipalités, mais demeure une compétence de l’État.
Un camp de réfugiés sur le Pont de la Chapelle à Paris © Jeanne Menjoulet
Un accueil protéiforme
Un des leviers principaux à actionner pour accueillir est bien évidemment celui de l’hébergement. Ce n’est pas sans raison que le collectif “Réquisitions” qui avait incité des réfugiés à s’installer sur la place parisienne de la République réclamait par cette action “un hébergement stable, immédiat et décent”. Différents acteurs, notamment les bailleurs et les associations, cherchent justement à proposer des solutions plus durables et vivables que les camps installés dans les espaces périphériques des villes, que ce soit sur des terrains vagues, des zones industrielles, ou sous des infrastructures de transports.
L’accueil au-delà de l’hébergement
Bien que ces initiatives soient essentielles pour permettre l’accueil des réfugiés, le logement ne fait pas tout, et d’autres associations et structures travaillent également sur la question de l’insertion professionnelle.L’exemple d’un ancien ministre de la communication afghan devenu livreur de repas à Leipzig, où il est réfugié, est par exemple caricatural de la situation. L’association Singa s’engage justement auprès des réfugiés en leur proposant notamment des incubateurs d’entreprises à Paris, Lyon et Nantes. Les porteurs de projet ont alors l’opportunité d’être accompagnés pendant six mois, en bénéficiant à la fois d’un suivi personnalisé mais aussi de l’émulation permise par la rencontre avec d’autres entrepreneurs engagés pour l’inclusion et le vivre-ensemble.
L’accueil, une tradition millénaire
Toutes ces initiatives et ces constitutions réseaux très récentes autour de la “nouvelle” crise migratoire ne sont en fait que les héritières de traditions bien plus anciennes. Ville et inhospitalité nous paraissent être des termes antinomiques, et la situation actuelle pourrait être l’occasion de rappeler, de célébrer et de défendre la tradition d’accueil de nos villes. Il suffit d’ailleurs de consulter la page internet du magazine de la ville de Grenoble pour se rendre compte que cet héritage est revendiqué par les villes qui annoncent aujourd’hui vouloir accueillir des réfugiés afghans.
Le quartier Saint-Esprit de Bayonne ©Harrieta171 via Wikipedia
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