Au mieux une plateforme pour zoomers décérébrés, au pire un repaire d’influenceurs malhonnêtes, TikTok a longtemps eu (et continue à avoir) une image bien moins “noble” que les réseaux sociaux concurrents. Il est d’ailleurs assez parlant de voir à quel point le réseau a longtemps été sous-investi par les femmes et hommes politiques français (à l’exception de quelques tentatives plus ou moins bien reçues de Jean-Luc Mélenchon ou encore Jean-Baptiste Djebbari), contrairement à Facebook, Instagram ou Twitter. Pourtant, et malgré les a priori, TikTok constitue de plus en plus un espace d’éducation populaire et de débats autour de sujets bien plus sérieux qu’il n’y paraît. Et ce, on vous le promet, sans (presque) aucun dance challenge.
Mixed-use, walkable cities et Robert Moses
@signedbritt and they're all related #urbanplanning #urbanplanner #urbanplanningtiktok #cityplanning ♬ original sound – Immediato Interiors 🤎
Cette courte vidéo d’une urbaniste new-yorkaise nommée Britt, publiée le 19 septembre dernier, a par exemple fait plus de 500 000 vues et a été likée pas moins de 130 000 fois. Actuellement premier résultat du #urbanplanning sur le réseau (l’algorithme actualise régulièrement les contenus mis en avant), elle présente différents “choix” d’aménagement urbain en donnant volontairement son avis brut sans explications, dans la lignée d’une trend ou tendance actuelle de l’application. Chaque image illustre un de ces choix avec un extrait sonore issu d’une vidéo d’un autre tiktokeur qui commentait pour sa part des choix d’architecture intérieure.
“Des rues sans voitures ? Oui. La ville du quart d’heure ? Oui. Suburbia ? Sûrement pas […] La gentrification ? 100% non. Des villes pensées autour de l’utilisation de la voiture ? Je déteste ça. Robert Moses ? Je pense que je le déteste encore plus. Des quartiers mixtes ? Oui bien sûr”. En 30 secondes, la vidéo réalise l’exploit de résumer l’avis général de ce qu’on peut appeler le Citiestok, ou la niche de l’application dédiée aux villes et à l’urbanisme, principalement présentes aux États-Unis : la haine des banlieues pavillonnaires à l’américaine, plus globalement de tout choix d’urbanisme monofonctionnel et centré sur la voiture et de Robert Moses, urbaniste de New York au milieu du XXe siècle, aujourd’hui honni par la plupart des (jeunes) passionnées urbanistes, qui lui préfèrent Jane Jacobs, et qui les opposent régulièrement via des blagues, mèmes et détournements.
Ce mélange entre culture internet, obsession pour les problématiques urbaines et blague (et haine de Robert Moses) ne devrait pas surprendre les lecteurs assidus de Demain la Ville puisqu’il en était déjà question lorsqu’on parlait du groupe facebook NUMTOT (New Urbanist Memes for Transit-Oriented Teens), précurseurs de cette micro-niche.
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