Thibaut Derien illustre une France fantôme dont la coquille tient toujours debout, par on ne sait quel miracle, mais vidée de sa substance, de son essence.
Les petits commerces de proximité y sont présentés comme des visages aux orifices clos, murés dans un mutisme que même le temps ne semble pouvoir briser. Gardiens de la mémoire des lieux, vestiges d’une activité disparue, ils restent les témoins de notre monde contemporain.
« Aujourd’hui je me promène en silence dans ces rues rien qu’à moi, où je n’ai qu’à me servir, où tout me tend les bras. Au début je me suis bien posé quelques questions : que s’était-il passé ici et qu’était devenue la population ? Exode rural, catastrophe naturelle, cataclysme écologique, peu importe finalement. Avec le temps j’ai appris à ne pas bouder mon plaisir, et la seule chose qui m’inquiète désormais, c’est de savoir combien de temps cela va durer. Je tue le temps, qui ne passe plus vraiment par ici, en imaginant toutes ces vies passées derrière ces volets fermés, ces rideaux de fer tirés. Je suis comme perdu sur une île déserte, sauf que je n’ai pas envie que l’on me retrouve. J’habite une ville fantôme. » écrit le photographe, ému par la nostalgie que ces paysages dégagent.
Cette série de photographie avait été présentée à la Little Big Galerie, située rue Lepic dans le 18ème arrondissement parisien, dont vous pouvez en voir un petit aperçu.
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