Manque de végétation, îlots de chaleurs, activité humaine, en été les villes sont particulièrement vulnérables aux fortes températures. Les systèmes qui contribuent à refroidir la ville sont bien souvent peu efficaces, extrêmement énergivores, comme la climatisation sur-utilisée lors des épisodes de canicule… Mais alors comment faire pour survivre aux températures affolantes auxquelles les prochains étés semblent nous exposer ?
Le réseau de froid, une solution environnementale au service des villes
Le réseau de froid, moins connu que le réseau de chaleur, fonctionne sur le même principe que ce dernier. Pensés à une échelle urbaine, ces systèmes sont constitués d’infrastructures permettant d’irriguer des bâtiments en eaux glacées pour réduire leur température intérieure. L’eau est alors refroidie dans des bassins par géothermie ou encore par la fraîcheur des eaux fluviales. Au début du circuit, la température oscille entre 4 et 5 degrés, et à la fin du circuit, elle est généralement autour d’une quinzaine de degrés. Celle-ci est alors soit rejetée, soit refroidie.
Peu connu, ce système de distribution possède de fortes performances énergétiques et environnementales : en effet les calories produites par le réchauffement des eaux ne sont pas rejetées dans l’air, comme elles le sont pour un système de climatisation classique. On estime d’ailleurs que le refroidissement par réseaux de froid est deux fois moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un refroidissement par climatiseurs autonomes. L’ensemble des circuits sont contrôlés par des réseaux intelligents qui participent à une utilisation raisonnée de la production énergétique urbaine.
Un système encore peu exploité
Pourtant porteurs de nombreuses qualités, les réseaux de froid ne représentent que 1 à 2 % du marché du froid. En France, selon un rapport de l’ADEME sur la question de mai 2019, ces réseaux représentent 198 km de conduits répartis en 23 réseaux, contre 5 397 km des 761 réseaux de chaleur en 2017.
La ville de Paris a été l’une des premières à se doter de ce système de refroidissement dès les années 70 et représente actuellement le plus gros réseau européen. Ce sont plus de 600 clients (principalement des bureaux, bâtiments tertiaires, universités, musées et hôpitaux) qui sont livrés avec 70 km de réseaux souterrains dans lesquels s’écoule une eau refroidie par celle de la Seine. En France, ce sont en tout 9 villes qui se sont équipées en réseaux de froid publics : Courbevoie, Boulogne, Levallois-Perret, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne, Montpellier. Le Campus de Paris-Saclay s’est également doté récemment d’un nouveau réseau de chaleur-froid innovant permettant d’alimenter à terme l’ensemble des bâtiments en construction.
Dans une période de transition importante pour les villes, notamment vis à vis des enjeux environnementaux et climatiques, les réflexions portées autour d’une gestion collective et intelligente des réseaux de chaleur et de fraîcheur sont d’autant plus d’actualité. Il semble urgent de réussir à adapter les espaces urbains pour qu’ils puissent être porteurs de bien-être pour leurs habitants. L’innovation et la mise en commun de solutions à hautes qualités environnementales sont des pistes qui peuvent faire du bien-être un objectif sociétal.
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