Quand la vieille Dame inspire la France
Aux premières flammes jaillissant de la toiture de Notre-Dame le 15 avril 2019, les images faisaient le tour du monde. La vieille dame de pierre dormant sur son île, en plein cœur de Paris sur qui elle semblait veiller, avait pris feu. Le drame fut instantané pour les parisiens, la France entière était derrière ses écrans. Les réseaux sociaux en pleine ébullition : larmes, regrets et soutiens pour l’église symbole parisien fusèrent vitesse grand V. Le soir même, le Président de la République lançait un appel au secours qui se fit entendre. Les promesses de dons s’élevaient à 1 milliard d’euros à peine 48h après le drame. Si en définitive ce sont 223 millions d’euros qui ont été récoltés pour la Cathédrale, jamais les fondations du patrimoine n’auraient pu imaginer récolter autant d’argent en si peu de temps.
Certains s’offusquent de la générosité mondiale envers Notre-Dame : “image de marque parisienne”, décrétant que les priorités et les besoins sont ailleurs. Pourtant, la préoccupation des citoyens pour leur patrimoine ne semble pas émaner uniquement de la capitale. À la Ferté-Macé, commune normande d’environ 5000 habitants, point de discours du Président pour sauver les beaux édifices. L’église Notre-Dame-de-l’Assomption, construite au milieu du XIXème siècle et classée aux monuments historiques, a pourtant bien besoin de la rénovation de sa toiture. Les Fertois ne perdent pas la face et se lancent donc à l’assaut de cette collecte de fonds solidaire.
La Cathédrale Notre-Dame de la Ferté-Macé
En plein centre du parc naturel régional Normandie-Maine, la Cathédrale consacrée à Notre-Dame de l’Assomption, dans la ville de la Ferté-Macé, est issue du style romano-byzantin qu’un architecte sarthois ramena d’un voyage en Orient. Pour agrandir le premier édifice roman existant du XIe, on en détruisit une partie pour ne conserver que la façade et la tour aujourd’hui encore visibles. L’église du XIXe, dotée de deux beffrois en flèches, possède un carillon composé de seize cloches fondues à cette époque. L’église au centre de la ville, trône sur la place de la ville dynamique et intergénérationnelle qui accueille le marché, tous les jeudis.
La rénovation de l’église coûtera plusieurs millions d’euros. Il va de soi que la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Normandie ne peut financer la totalité des travaux de l’église, au vu des nombreux édifices normands inscrits aux monuments historiques.
Une biscuiterie fait du profit pour les vieilles pierres
Mais à 30km de la Ferté-Macé, dans la petite ville de Lonlay-l’abbaye, on est solidaire du patrimoine de son département. Fondée en 1909, la Biscuiterie de l’abbaye, compte aujourd’hui 275 salariés. Elle est une entreprise 100% locale, 100% bio, ayant reçu récemment le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant). Tout est plus simple quand le patrimoine vivant vient au secours du patrimoine dormant ! Ni une ni deux, la bonne initiative citoyenne semble fonctionner : 1€50 par boîte au décor spécial “la Ferté-Macé” seront directement reversés à la Fondation en charge des travaux de l’église. Et cela fonctionne, la notoriété de la biscuiterie a permis de vendre au moins 1000 boîtes dans la région et entraîne à cette occasion une sensibilisation aux belles pierres en péril ! Même si ce ne sont que 1500€ de collectés à la fin du premier volet de cette collecte, la 5e ville de l’Orne a au moins pu se faire connaître et mettre en avant son patrimoine. Une solution qui plaira aux gourmands !
Peut-être que le dramatique incendie de Notre-Dame de Paris aura au moins porté quelques fruits : celui de faire prendre conscience aux français que bien des bâtiments témoins de l’histoire de France sont en péril. De la vente de biscuits aux grandes collectes de dons, en passant par la loterie nationale orchestrée par Stéphane Bern, tous les moyens sont bons !
Crédit photo de couverture ©️~Pyb via Wikipédia