En France, il est classique d’imaginer nos retraités seuls dans leurs maisons, ou bien en maisons de retraite. Seulement, si ces « maisons de vieux » sont régulièrement mal perçues par les principaux intéressés, vieillir seul chez soi n’est pas non plus de tout repos. La solitude, l’isolement, la perte d’autonomie sont les principales craintes des aînés qui peuvent parfois perdre le contact avec leurs proches.
Dans d’autres cultures pourtant, la vieillesse est une affaire prise beaucoup plus au sérieux par les familles des personnes âgées. Un cadre légal, un respect plus important à leur égard ou encore un maintien de l’activité physique sont dans certains pays ancrés dans l’éducation sociale en faveur des personnes du troisième âge. Quels enseignements ces méthodes peuvent-elles apporter en France ? Faut-il s’en inspirer ?
Et s’il s’agissait en réalité d’une question urbaine ? Quel est le rôle de la ville dans l’intégration dans la société de nos retraités ?
L’inclusion sociale des aînés dans d’autres cultures
Selon la culture locale, les anciens sont pris en charge de différentes manières par leurs proches ou par la société. Par des différences de perceptions ou par des différences légales, quelles sont ces différentes méthodes ?
> Chine : une obligation légale.
En Chine par exemple, c’est la loi qui oblige les proches des personnes âgées à les prendre en charge s’ils en ont besoin. À l’image de notre obligation alimentaire française qui nous impose d’offrir le couvert et le gîte aux parents proches dans le besoin, les chinois sont obligés d’accorder du temps à leurs aînés pour s’en occuper. Des congés sont même obligatoirement donnés aux salariés d’une entreprise pour leur permettre d’avoir suffisamment de temps à accorder aux seniors.
> Japon : un respect culturel et un mode de vie sain.
Au Pays du Soleil levant, les japonais ont un rapport au troisième âge fortement basé sur le respect de ces derniers. Il y est tout à fait naturel d’intégrer le vieillard au sein de la famille. Au Japon, les anciens sont en effet culturellement considérés comme les vénérables sages de la société. S’ajoutent à cette belle intégration sociale et familiale des anciens des modes de vie très sains. Une nourriture saine couplée à des activités physiques régulières font des japonais le peuple ayant l’une des plus longues espérances de vie de la planète.
> Écosse : de nouvelles priorités.
En Écosse, c’est cette fois-ci une inversion des priorités qui a eu lieu. Jusqu’alors plutôt orientée sur la prise en charge en hôpital des personnes âgées, la politique d’intégration seniors concerne maintenant au contraire de sensibiliser les proches aux comportements prévenant la perte d’autonomie et de favoriser la prise en charge de la part de la famille. Le pays porte par ailleurs un intérêt particulier à l’adaptation des logements en faveur des seniors de manière à ce qu’ils puissent garder leur habitat si une perte d’autonomie commence à se faire ressentir.
Comment faire en France ?
Ces différentes méthodes d’intégration des personnes âgées au sein de la société révèlent des cultures différentes d’inclusion des seniors selon les pays. Toutefois, nous tenons à préciser que les exemples que nous avons cités dans leurs très grandes lignes ne sont pas forcément plus bienfaisants que d’autres. Mais comment la France pourrait alors s’inspirer de méthodes étrangères d’inclusion pour permettre de désengorger les EHPAD ?
Peut-être que la culture des anciens est moins marquée que chez d’autres cultures, comme au Japon par exemple. Ce qui signifie que les personnes âgées se retrouvent rapidement seules dans leur dépendance. Mais si l’inclusion des seniors passait aussi par une ville plus inclusive ? La France s’est très longtemps focalisée sur les enjeux du maintien à domicile des aînés, sans spécialement se pencher sur leurs déplacements dans les espaces publics de la ville. Il s’agit pourtant là d’un enjeu majeur dans les politiques urbaines actuelles. La prise en compte des besoins des personnes âgées pour pratiquer la ville agit directement sur leur inclusion dans la société, au-delà de leur inclusion « physique » dans la ville.
Si les personnels des EHPAD réclament donc aujourd’hui davantage de soutien financier et humain, la problématique réside peut-être dans l’idée selon laquelle nous orientons encore trop fortement le troisième âge dans des établissements spécialisés. Et si la législation évoluait en faveur du prise en charge familiale ? Et si la ville et les habitations était plus inclusive pour permettre aux personnes dépendantes de s’épanouir plus facilement ?
Journée des aîné(e)s organisée par la Ville de Genève.