Le fameux rapport annuel de la fondation Abbé Pierre sur le mal-logement fait à nouveau état de la précarisation des populations et de leurs logements. Si la fondation a salué l’effort du gouvernement en termes de rénovation énergétique, elle a sévèrement épinglé les résultats du quinquennat d’Emmanuel Macron, avec aujourd’hui 4,1 millions de personnes mal logées, 300 000 sans abri (soit deux fois plus qu’il y a dix ans) et même 22 000 personnes dans des bidonvilles ou squats.
La baisse du nombre de logements sociaux autorisés chaque année est également pointé du doigt par la FAP, malgré une légère hausse l’année dernière avec les 100 000 logements sociaux atteints. On reste bien loin des 150 000 préconisés par la fondation, et même des 200 000 proposés par certains candidats à l’élection présidentielle.
Constat tout aussi amer pour le logement privé inaccessible pour une grande partie de la population en zone tendue, malgré la mise en place salutaire de l’encadrement des loyers qui arrivent un peu tard pour la fondation.
Parmi les propositions de la FAP pour inverser la tendance, une revalorisation des APL qui pourraient être articulées avec les minima sociaux que la fondation souhaitent voir augmenter jusqu’à 50% du revenu médian, soit 900 euros par mois, et ouverts aux majeurs de moins de 25 ans. Elle demande aussi un renforcement de l’encadrement des loyers, l’éradication des passoires énergétiques et même de créer une sécurité sociale du logement.
Le gouvernement semble avoir fait un premier pas, en stipulant via un arrêté que les annonces immobilières doivent obligatoirement afficher les loyers maximum lorsque les biens se trouvent dans les zones soumises à l’encadrement des loyers, c’est-à-dire Paris, Lille, Lyon, Villeurbanne, Plaine Commune et Est Ensemble. Bientôt Bordeaux et Montpellier adopteront également cette mesure.
Si la situation est aujourd’hui dramatique pour des millions de français, des solutions existent et sont esquissés chaque jour par des villes qui emboîtent le pas à la Fondation Abbé Pierre. Ne reste plus qu’aux candidats à la présidentielle de se saisir de cet enjeu central du mal-logement, et de porter une ambition à la hauteur de la crise actuelle.
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