Disposer d’un pied à terre, de préférence sur le littoral est une habitude confortable populaire auprès des français depuis plusieurs années. Cependant, ces dernières années et particulièrement depuis la crise sanitaire, l’acquisition de propriétés utilisées comme résidence secondaire a véritablement explosé en France. La Bretagne, territoire attractif, est particulièrement touchée par le phénomène et la demande en résidences secondaires continue d’augmenter.
Dans la région, c’est ainsi plus de 250 000 logements qui sont inoccupés neuf mois sur douze et dans certaines communes du Golfe du Morbihan, c’est entre 50 et 70% des logements qui ne sont habités qu’à temps partiel, généralement par des personnes âgées (61% des résidents secondaires sont retraités), originaires de la région parisienne et plus riches que la moyenne des français.
Un tel phénomène immobilier n’est pas sans conséquence. Les prix de l’immobilier, déjà élevés sur le littoral, croissent de manière exponentielle ce qui limite l’établissement de nouveaux actifs dans les communes bretonnes et l’installation d’entreprises qui peinent à embaucher des salariés. En outre, le vieillissement de la population s’accompagne d’un besoin accru en services à la personne et en soins, mais les auxiliaires, même avec des revenus moyens, ont du mal à se loger sur les côtes, ce qui est paradoxal lorsque l’on sait que la moitié des maisons sont vides plus de la moitié de l’année. L’explosion du nombre de résidences secondaires s’accompagne donc d’un problème de distorsion de l’accès au logement.
Pour enrayer le phénomène et limiter la hausse des prix de l’immobilier dans la région, Nil Caouissin, nouvel élu à la région Bretagne, propose de créer un statut de résident, comme il en existe déjà ailleurs en Europe. Le principe est simple : seuls les résidents permanents du territoire peuvent acheter une propriété. Si un tel dispositif, porté à la compétence des collectivités, permettrait de résoudre les problèmes d’inégalité d’accès au logement sur le territoire, de réduire les trajets domicile-travail et de limiter l’étalement urbain, il implique aussi une nécessaire redéfinition du droit à la propriété en France. Une perspective innovante qu’il convient donc de creuser autant dans une perspective sociale que résiliente.
Photo de couverture Clovis Wood Photography/Unsplash