Alors que les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique, l’ONU propose un programme de soutien pour réduire les inégalités de genre : vers un management féminin de l’environnement ?
Les femmes sont davantage touchées par la destruction de la biodiversité et le dérèglement climatique, c’est le constat que fait l’ONU dans son rapport Gender and Disaster Risk Reduction. Après la catastrophe du tsunami de 2004, on recense parmi les victimes indiennes et indonésiennes 70 % de femmes.
Ces chiffres alarmants témoignent de la surreprésentation des femmes en tant que victimes directes de notre crise écologique actuelle. Plus vulnérables du fait de leur situation socio-économique, où elles représentent 70% de la population pauvre mondiale, elles auraient quatorze fois plus de risques de décéder à cause d’une catastrophe naturelle que leurs homologues masculins. De ce constat, on comprend pourquoi les trois quarts des réfugiés climatiques sont des femmes.
Dans les pays pauvres, les femmes travaillent davantage dans les cultures et s’exposent donc plus aux risques naturels. Mais, paradoxalement, du fait qu’elles soient quotidiennement au contact de la nature, elles se font plus expertes en la matière que les hommes et montrent des connaissances très développées en termes de gestion de la biodiversité. Et pourtant, elles sont encore trop peu impliquées dans les instances décisionnelles portant sur la gestion et la sauvegarde des ressources naturelles.
Leur intégration serait pourtant largement bénéfique puisque l’on estime que les rendements agricoles dans les régions asiatiques augmenteraient de 20% à 30% si les femmes occupaient davantage de postes décisionnels en finance agricole. De même, si le genre était plus diversifié dans les hauts postes décisionnaires en matière de biodiversité et de climat, la gouvernance ne serait que plus efficace et les actions plus concrètes.
Alors, face à ce constat et au désir des femmes de s’impliquer davantage dans la lutte contre le dérèglement climatique et la sauvegarde des ressources naturelles, l’ONU a mis en place un nouveau programme. Ce dernier prévoit notamment de rendre plus égal le contrôle des terres agricoles en facilitant leur accès en propriété aux femmes, mais aussi en leur donnant davantage accès à l’éducation et à l’information pour in fine se diriger vers un management plus égalitaire en genre.
Bien que la reconnaissance des femmes pour leurs savoir et compétences en termes de biodiversité et de protection de la nature ait enfin eu lieu, reste à voir si les mesures entreprises seront réellement efficaces et si le renversement de parité aux niveaux des instances décisionnelles sera véritablement effectué.
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