« Villes et Jeux olympiques et paralympiques, quels bénéfices pour les territoires et leurs populations sur le long terme ? » qu’est ce que le thème de la XIIe Biennale européenne des villes et des urbanistes vous inspire ?
Le thème de cette biennale est fort opportun. Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont un accélérateur de projets urbains et de développement territorial qui demande toute la vigilance des organisateurs et des élus locaux pour garantir un héritage de qualité. Partager les expériences des autres urbanistes et fabricants de ville en Europe nous intéresse tout particulièrement sur ce thème.
Dès le début de cette candidature, alors que la Maire de Paris avait beaucoup hésité à se lancer et très conscients des critiques légitimes formulées à l’égard des JO dans de nombreux pays, nous avons souhaité être très à l’écoute des habitants de notre territoire pour connaitre leurs attentes, leurs craintes, leurs besoins.
Nous avons commencé par saisir le Conseil de développement de Plaine Commune composé de 80 membres indépendants, issus de la société civile afin qu’il rédige un avis sur les conditions d’acceptabilité et de réussite d’un tel évènement sur le territoire.
Nous avons participé à la démarche de « concertation » nationale initiée par le Comité de Candidature et avons organisé 3 réunions de concertation en direction des acteurs sportifs, des acteurs du monde économique et des acteurs de la ville en transition. Des propositions ont émané de ces rencontres et ont nourri la plateforme consultative. Elles ont démontré une approche exigeante, parfois critique et souvent constructive de l’héritage attendu par les habitants.
Sur le plan urbain en quoi la candidature de Paris pour l’accueil des JO 2024 est-elle unique, différente des candidatures de Pékin, Rio ou encore Athènes qui n’ont pas su réintégrer l’héritage des JO à leur tissu urbain et social ?
Toutes les candidatures sont uniques. Elles répondent à un contexte national et proposent un « concept des jeux » qui tient compte des équipements existants et de ceux restant à construire.
En ce qui concerne celle de Paris et de la Seine-Saint-Denis, est une des premières à s’inscrire réellement dans le cadre de l’agenda 2020 du CIO qui promeut des candidatures plus sobres, plus soutenables, moins couteuses. Notre candidature a donc été conçue pour partir de l’existant et des nombreux équipements sportifs prestigieux déjà présents. 95 % des équipements sont déjà construits ou seront temporaires. Seul le centre aquatique, le village des athlètes et le village des médias seront construits et pérennisés car ils répondent à un réel besoin. D’autres équipements sportifs seront rénovés justement car ils viendront combler des carences locales.
Le concept de parc olympique que l’on a pu connaitre dans une majorité de Jeux Olympiques est repensé. Au-delà du cluster « Stade de France/ Centre aquatique », c’est la ville tout entière qui se transforme en véritable parc olympique, grâce à la compacité des sites et aux transports collectifs performants qui permettront de les relier rapidement.
Concernant le village olympique, nous nous sommes rendus à Londres, à Rio, à Pékin, à Athènes etc. et avons pu voir des choses qui nous ont beaucoup interrogés car les villages reconvertis se ressemblaient beaucoup et ne semblaient pas répondre aux besoins que nous avions identifié localement.
Ce qui fait la force du projet de Village Olympique Pleyel/ Bords de Seine, c’est qu’il s’appuie sur des projets urbains préexistants : le projet Universeine, l’écoquartier fluvial de L’Ile-Saint-Denis et qu’il tient compte des besoins du territoire pour sa reconversion. Nous avons tenu fermement sur le principe d’en faire un quartier de ville mixte et durable avec toutes les fonctions de la ville : 2200 logements familiaux, 900 logements étudiants mais aussi des bureaux, des locaux d’activités, des services, des commerces, des espaces verts etc. Tout ce qui fait les différentes fonctions de la ville.
Nous avons beaucoup travaillé avec le comité de candidature pour en faire un quartier d’excellence environnementale et d’innovation. Mais cela devra bénéficier aux habitants de notre territoire. Nous ne voulons pas d’un quartier « gentrifié » qui en période post olympique, évincerait la population locale.
Comment ces principes de politique urbaine menée dans le cadre de la candidature des Jeux Olympiques 2024, sont-ils appliqués dans les différents projets qui font le quotidien du territoire de Plaine Commune ?
C’est un peu le contraire en fait. Nous avons plutôt appliqué les grands principes de notre projet de territoire à la candidature aux jeux Olympiques.
Plaine Commune s’est construit sur l’idée d’un territoire qui se développe avec et pour ses habitants. Le projet de requalification urbaine et de développement social et solidaire que nous portons depuis le syndicat d’études Plaine Renaissance puis la création de la communauté de communes en 2000 perdure.
Nous envisageons la candidature comme beaucoup d’autres grands projets sur notre territoire. Elle peut être un formidable accélérateur de développement. Nous y travaillons conjointement avec le Comité de candidature en portant nos valeurs d’inclusion sociale, de développement équilibré, de poly-centralité et nous voyons comment les différentes réalisations vont contribuer au projet de territoire.
Nous avions déjà travaillé lors de l’implantation du Stade de France avec l’Etat aux contreparties et retombées locales et aujourd’hui nous partageons avec le comité de candidature notre vision pour défendre un réel héritage de l’évènement sur le territoire avec une amélioration de la qualité de vie à la clé. Nous convergeons avec eux sur beaucoup d’objectifs et cela nous permet de travailler en toute confiance.
Retrouvez Patrick Braouezec, demain, lors de la XIIe Biennale européenne des villes et des urbanistes. N’hésitez pas à vous inscrire, il est encore temps !
Marie Diéval,
Rédactrice pour Lumières de la ville